Si elle n’est pas « une arme du même niveau que la vaccination ou les gestes barrières », la supplémentation en vitamine D apparaît « utile pour contribuer à prévenir l’infection par le SARS-CoV-2 » et pour réduire « le risque de formes graves de Covid-19, de passages en réanimation et de décès liés à ce virus », plaident les signataires d’un appel diffusé par la « Revue du Praticien ».
Signé par 73 médecins ou experts francophones, exerçant pour la plupart dans des centres hospitaliers du pays, avec le soutien de six sociétés savantes (1), le texte invite, dans le contexte du Covid-19, à s’assurer d’un « statut satisfaisant en vitamine D dans la population générale, y compris chez les personnes en bonne santé tous âges confondus » et à « supplémenter la population pendant la période hivernale ».
Une « mesure simple, peu coûteuse »
En mai dernier, l’Académie de médecine avait évoqué la piste d’une supplémentation en vitamine D des patients en hypovitaminose D comme une « mesure simple, peu coûteuse et remboursée par l’Assurance-maladie » : « La vitamine D ne peut être considérée comme un traitement préventif ou curatif de l’infection due au SARS-CoV-2 ; mais en atténuant la tempête inflammatoire et ses conséquences, elle pourrait être considérée comme un adjuvant à toute forme de thérapie », était-il indiqué dans un communiqué.
Les signataires de l’appel, réunis autour Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie au CHU d’Angers, vont plus loin. Ils s’appuient sur la fréquence élevée des insuffisances en vitamine D, retrouvées chez 40 à 50 % de la population française, et l’absence de risques quand les doses sont adaptées pour promouvoir une supplémentation « à grande échelle ».
Par ailleurs, en cas d’infection par le SARS-CoV-2, « même si l’impact sur la prévention et/ou l’amélioration des formes graves de Covid-19 fait encore l’objet d’études en cours », les auteurs recommandent « d’obtenir le plus rapidement possible un statut satisfaisant en vitamine D » et de recourir, en traitement adjuvant aux protocoles de traitements standards disponibles, à une supplémentation à forte dose (100 000 UI de vitamine D3 per os - 200 000 UI chez les patients obèses et/ou ayant d’autres facteurs de risque de gravité), dès le diagnostic du Covid-19 posé et sans attendre le résultat du dosage vitaminique.
Un recours possible pour réduire le risque de forme grave
Selon les auteurs, la vitamine D est susceptible de produire plusieurs effets sur le Covid-19, en « modulant l'activité du système rénine-angiotensine et notamment l'expression de l’ACE2 » et en « régulant l'immunité cellulaire innée et adaptative ». Ils relèvent également plusieurs travaux suggérant que l’hypovitaminose D pourrait être un facteur de risque indépendant de forme grave de Covid-19. Des essais cliniques sont d’ailleurs en cours pour explorer les effets de différentes posologies de vitamine D sur l’évolution de la maladie.
Promu par le CHU d’Angers, un essai clinique randomisé, labellisé « Priorité nationale de recherche » en décembre, se penche sur l’effet d’une très forte dose de vitamine D administrée dès le diagnostic de Covid-19 par rapport à une dose standard sur le risque de décès chez les sujets âgés fragiles. « Dix hôpitaux français et leurs EHPAD y participent, souligne le CHU d’Angers dans un communiqué. Les résultats, attendus au cours des prochaines semaines, permettront de préciser l’intérêt d’une très forte dose de vitamine D chez les malades de Covid-19. »
(1) L’Association française de lutte antirhumatismale (AFLAR), la Société française d’endocrinologie (SFE), la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), la Société française de pédiatrie (SFP), la Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique (SFEDP), la Société francophone de néphrologie dialyse et transplantation (SFNDT).
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