Un masque FFP2 « bec de canard » sur le nez, un homme d'une cinquantaine d'années attend sur une petite chaise. Dans quelques minutes, un infirmier l'invitera à entrer dans la tente du dispositif de dépistage mobile du Covid-19, montée depuis mercredi 4 mars aux pieds des bâtiments du SAMU 94 - SMUR à l'Hôpital Henri-Mondor.
À l’issue d'un examen clinique complet, un prélèvement via un écouvillonnage nasopharyngé sera envoyé au service de virologie, et une décision d'hospitaliser ou non sera prise.
Doublement des appels
Depuis le début de l'épidémie, les SAMU de l'AP-HP reçoivent en moyenne 2 à 2,5 fois plus d'appels depuis le début de l'épidémie. Selon les données transmises par l'institution, 5 000 appels en moyenne sont traités chaque jour, contre 2 300 à 2 500 en temps normal.
Le Dr Éric Lecarpentier, chef du SAMU-SMUR 94, nous reçoit dans le centre d'appels d'Henri-Mondor où, pour la seule journée du 5 mars, 2 600 appels ont été reçus, dont 390 pris en charge par la cellule dédiée au coronavirus. « Il y a une vraie inquiétude, mais nous ne recevons pas des appels fantaisistes pour autant », nous explique-t-il. Sur la base d'un questionnaire, et toujours pour la seule journée du 5 mars, 17 personnes ont été invitées à se rendre, si possible masquées et en voiture personnelle, à l'hôpital pour se faire prélever dans les tentes installées à l'écart des urgences classiques.
« Nous avons doublé notre personnel », précise au « Quotidien » le Dr Lecarpentier, soit quatre médecins urgentistes, quatre médecins généralistes et 12 agents de régulation médicale. Pour y parvenir, le SAMU fait feu de tout bois. « Les assistants de régulation médicale bénéficient depuis cette année d’écoles de formation en alternance, les centres de formation des assistants de régulation médicale (CFARM), poursuit le Dr Lecarpentier. Nous avons mobilisé les étudiants de ces écoles pour augmenter le nombre d’ARM. On a également demandé au personnel, y compris aux médecins, de bien vouloir faire des heures supplémentaires. »
Concernant les critères de sélection, les signaux d'alerte sont la fièvre, la toux, un contact avec un patient déjà malade ou un voyage récent dans une zone où il y a déjà beaucoup de cas. Il est également demandé au patient s'il souffre d'une gêne respiratoire importante. Pour le Dr Lecarpentier, ces questions doivent avant tout servir à isoler les cas graves. « Par chance, on est sur la fin de l'épidémie de grippe, le risque de confusion entre les deux infections est plus faible, ajoute-t-il. Confrontés à des patients chez qui la suspicion d'un Covid-19 est forte, mais ne présentant pas de facteurs de risque ou de signes de détresse respiratoire, on considère qu'ils ont un profil de porteur sain. On leur conseille de s'isoler mais il n'y a pas d'indication à trop médicaliser la réponse. »
Malgré la montée en charge du dispositif, la régulation d'un appel pour suspicion de coronavirus demeure beaucoup plus long que la moyenne. Sur les écrans de suivi du centre, seulement 19 % des appels attendent moins de 20 secondes pour qu'un opérateur leur réponde et 46 % attendent moins de 60 secondes. « Nos chiffres devraient être meilleurs », reconnaît le Dr Lecarpentier, pour qui le centre d'appels n'est pas, à ce stade, débordé.
Pas encore d'hospitalisation
De retour devant les tentes, une « salle d'attente » et un « cabinet de consultation », les Drs William Vindrios et Raphaël Lepeule (service d'immunologie clinique et maladies infectieuses) nous apprennent que, sur les 40 patients dépistés depuis le lancement du dispositif, seuls trois ont été confirmés positifs, dont aucun ne nécessitait une hospitalisation.
Dans la tente, une aide soignante, un infirmier et un médecin travaillent en trinôme. « Nous portons des lunettes de protection et une surblouse pour parer au risque d'aérosolisation du virus. Les patients risquent d'éternuer ou de tousser pendant le test », précise le Dr Vindrios. Une fois les résultats connus, leur état clinique a été réévalué par téléphone, de même que leur capacité à s'isoler pendant deux semaines. « Il s'agit en majorité de patients d'une cinquantaine d'années, peu graves et sans comorbidité », détaille le Dr Vindrios, tous issu du nouveau cluster de cas de Mulhouse. Depuis la mise en place du dispositif le 4 mars, les décisions d'hospitalisation n'ont été prises que pour des patients négatifs pour le coronavirus, mais présentant des symptômes grippaux importants.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024