Aujourd’hui bien reconnu, le trouble de stress post-traumatique (TSPT) suscite un intérêt croissant de la part des chercheurs. Le Covid-19 l’a remis au cœur de l’actualité. « La réanimation est un lieu de vie, mais aussi d’agression », a souligné le Dr Pierre Kalfon (Chartres). Un tel séjour, qui peut durer plusieurs jours ou semaines, est une expérience qui expose à des traumatismes physiques et psychologiques. La perte de contrôle et l’absence de communication et de compréhension semblent être au cœur des traumatismes psychologiques.
Le séjour en réanimation peut entraîner des symptômes substantiels d’anxiété, de dépression et de stress post-traumatique. Ainsi, selon une étude britannique publiée en 2018 portant sur plus de 5 000 ex-patients en réanimation, 46 % ont eu des symptômes d’anxiété, 40 % de dépression et 22 % de stress post-traumatique dans l’année qui a suivi leur hospitalisation.
Des troubles qui persistent
Ces troubles, fréquents, persistent dans le temps, jusqu’à 5 ans dans certaines études. Le principal facteur de risque est l’état de santé mentale préalable.
Parmi les sources potentielles de nuisances et d’inconforts liées à l’hospitalisation en réanimation, on peut distinguer les facteurs intrinsèques, liés au patient et à sa pathologie, environnementaux (bruit, lumière…) et organisationnels. La littérature souligne l’insuffisance de prise en charge, préventive et curative, du TSPT des patients en réanimation. C’est ainsi qu’un questionnaire facilement utilisable, Iprea, a été validé. Il permet de mesurer les inconforts perçus par le patient et de l’intégrer dans un programme d’amélioration de la qualité de la réanimation. Une étude, en cours, tente de démontrer qu’un programme sur mesure d’amélioration de l’expérience du patient, fondé sur la réduction des inconforts, diminue la prévalence du TSPT à un an.
Les soignants très touchés
De nombreux facteurs favorisent l’apparition d’un TSPT chez les soignants, qui sont en première ligne face à des expériences de mort traumatiques. Des facteurs organisationnels : déficit d’équipement, réaffectation de postes, charge de travail, manque de prévisibilité. Des facteurs personnels jouent aussi un rôle : le fait d’être fortement empathique, d’être jeune avec peu d’expérience, l’absence de soutien, la crainte de contaminer un proche. Les femmes semblent également plus touchées. Les signes d’alerte sont les troubles du sommeil, l’irritabilité, les difficultés de concentration, le sentiment d’impuissance.
Les caractéristiques de la pandémie Covid-19 (rapidité de diffusion, connaissances incertaines, décès de soignants) ont installé un climat anxiogène. Au début du premier confinement, les symptômes étaient plutôt légers puis, progressivement, des difficultés plus sévères sont apparues (anxiété, dépression, réactivation de traumas anciens, symptômes psychotiques…), notamment chez les soignants de première ligne ayant eu un collègue infecté, hospitalisé ou décédé. Ces troubles vont-ils durer dans le temps ? Une étude, Hard-covid-19, initiée par le Pr Wissam el-Hage (CHU de Tours), va permettre de mieux comprendre les changements de prévalence des troubles mentaux chez les professionnels de santé à la suite de la pandémie 2019 et de leur proposer des soins personnalisés en EMDR (eye movement desensitization and reprocessing), une désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires.
Exergue : La perte de contrôle et l’absence de communication et de compréhension, au cœur des traumatismes psychologiques
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