Vaccination des Français de plus de 65 ans : où en est-on ?

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Publié le 09/04/2021
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Covid, grippe, DTP, zona, pneumocoque… Le Pr Daniel Floret de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé dresse un panorama synthétique de la vaccination des plus de 65 ans en France.
 Le risque augmente à partir de 50 ans, d’une manière exponentielle

Le risque augmente à partir de 50 ans, d’une manière exponentielle
Crédit photo : Phanie

« Le facteur prédictif principal de gravité, d’hospitalisation, de décès concernant le Covid c’est l’âge », rappelle le Pr Daniel Floret de la Commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS). Le risque augmente à partir de 50 ans, d’une manière exponentielle, ce qui explique que les personnes de plus de 75 ans aient été la première cible de la vaccination.

Concernant le schéma vaccinal, le vaccin de Pfizer/BioNTech s’administre en deux doses séparées d’au moins 21 jours, le vaccin de Moderna en deux doses séparées de 28 jours. Quant au vaccin d’AstraZeneca, il s’administre en deux doses séparées de 9 à 12 semaines (plutôt 12 semaines que 9). Enfin, le vaccin de Janssen, qui va arriver dans le courant du mois d’avril, s’administre en une seule dose. « Il semble qu’on ait plutôt moins d’effets indésirables de ces vaccins chez les personnes âgées que chez les jeunes », précise Daniel Floret.

Vaccin antigrippal

En France, comme dans la plupart des pays, la stratégie de la vaccination contre la grippe vise à éviter les formes graves et les décès. Or ceux-ci surviennent avant tout chez les personnes âgées. Au moins 90 % des décès liés à la grippe concernent des personnes de plus de 65 ans.

Les comorbidités sont le deuxième facteur de risque de formes graves. Bien que les personnes âgées réagissent moins bien au vaccin contre la grippe, les dernières études lui reconnaissent une efficacité de l’ordre de 60 % dans cette tranche d’âge. « On aimerait avoir des vaccins plus efficaces », remarque le Pr Floret. Des progrès ont cependant été accomplis avec le vaccin fortement dosé en antigène (75 microgrammes par antigène grippal au lieu de 15 microgrammes) : une meilleure efficacité a été constatée vis-à-vis de la souche circulante H3N2, celle qui affecte le plus les personnes âgées.

La couverture vaccinale antigrippale dans cette tranche d’âge n’est pas suffisante puisque l’objectif officiel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est que 75 % de la population cible soit vaccinée, alors qu’en France on en est à 50 %. Avec des différences selon les tranches d’âge : les plus âgés se faisant davantage vacciner que les 65-75 ans. Cette couverture vaccinale est quand même plutôt en amélioration depuis un à deux ans, tempère le Pr Floret. « Et cette année, cette couverture devrait augmenter car les gens se sont fait beaucoup vacciner en raison du Covid », souligne-t-il.

Vaccin anti-zona

« Le zona est une maladie dont le risque augmente avec l’âge, précise le Pr Floret. De plus, les douleurs persistantes post-zona sont d’autant plus fréquentes qu’on est plus âgés. La vaccination est actuellement recommandée chez les personnes de 65 à 74 ans, avec une couverture vaccinale sur laquelle on n’a pas de données précises mais qui est insuffisante ».

De plus, le vaccin anti-zona dont on dispose n’est probablement pas le plus efficace, ajoute-t-il. Il en existe un autre inactivé, qui n’est pas commercialisé en France mais qui semble plus efficace que le vaccin vivant atténué actuellement utilisé.

Vaccin anti-DTP

« En France, on pratique des rappels DTP chez l’adulte ce qui n’est pas le cas dans tous les pays », souligne Daniel Floret. Les intervalles de ces rappels ont été allongés depuis 2013. On est passé d’un intervalle de 10 ans à un intervalle de 20 ans. Sauf pour les personnes âgées à partir de 65 ans, pour lesquels il a été maintenu à 10 ans. Ce rappel devrait donc avoir lieu à 65 ans, 75 ans et 85 ans.

« On a peu de données sur cette couverture vaccinale chez les personnes âgées, cependant si on regarde l’épidémiologie, on n’est pas très inquiet », rassure le Pr Floret.

Quelques dizaines de cas de tétanos sont signalés par an, chez des personnes d’âge moyen 78 ans, surtout des femmes, qui ne sont pas allés au service militaire et n’ont donc pas eu de rappel à l’âge adulte.

Pour la diphtérie, il n’existe pas de cas autochtone ni de chaîne de transmission à partir des cas importés. Il y a quelques cas par an de diphtérie cutanée due à Corynebacterium ulcerans, dont le réservoir n’est pas humain mais animal. Enfin, la poliomyélite autochtone a disparu depuis très longtemps.

Vaccin anti-pneumocoque

L’infection à pneumocoque touche les âges extrêmes de la vie : jeunes enfants et personnes âgées, pour qui le risque augmente avec les années. Contrairement à certains pays qui vaccinent sur un simple critère d’âge, la vaccination contre le pneumocoque de l’adulte est recommandée en France sur des facteurs de risque : immunodépression, maladies pulmonaires, cardiaques… « La couverture des personnes à risque est très insuffisante », note Daniel Floret, sachant qu’elle est estimée à environ 20 %.

S’ils n’ont pas été vaccinés auparavant, la vaccination comporte la séquence du vaccin pneumocoque conjugué (Prevenar 13 contre 13 sérotypes) et deux mois plus tard d’une dose de vaccin non conjugué 23 valent (Pneumovax qui couvre 23 sérotypes).

Il n’existe pas de preuve que des rappels améliorent la protection. Donc actuellement, en France, un seul rappel est recommandé avec un intervalle de cinq ans par rapport à la dernière dose de Pneumovax.

Dr Alain Dorra

Source : Le Quotidien du médecin