C’est déjà un exploit olympique : le rez-de-chaussée et les trois premiers étages de l’École Danhier, institut de formation en kiné, ostéo et podologie, ont été entièrement aménagés en « polyclinique éphémère », plus exactement en vaste centre de santé multidisciplinaire, niché au cœur du village olympique à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Ce dispositif unique a vocation à accueillir quelque 15 000 athlètes prioritairement pour des consultations de soins non programmés mais aussi pour des urgences ou des examens comme de l’imagerie.
Quelque 400 médecins et soignants volontaires libéraux et hospitaliers – bénévoles mis à part les chefs de service salariés, sous contrat temporaire avec l’AP-HP, et le personnel de nuit – seront présents à partir du 18 juillet pour garantir la meilleure prise en charge médicale aux athlètes (même si beaucoup d’entre eux disposent de leur propre staff médical). Les salles de cours ont été transformées en boxes de consultations, le matériel a été loué, prêté par l’école ou acheté par le CHU francilien.
Nous avons un gros stock d’anti-inflammatoires
Jennifer Le Grand, chef de service de la pharmacie Bichat
Au rez-de-chaussée, l’accueil, les urgences et la pharmacie cohabitent. Au besoin, la pharmacie détachée de Bichat (établissement référent) pourra dispenser les médicaments nécessaires, en accord avec la réglementation antidopage. « Il n’est pas question de fournir les athlètes en médicaments pour des maladies chroniques, juste ce qui est aigu. Nous avons un gros stock d’anti-inflammatoires mais pas de médicaments hospitaliers », explique Jennifer Le Grand, chef de service de la pharmacie à usage intérieur de Bichat. Côté urgences, une salle de déchocage a été installée avec deux brancards et quatre boxes. Au premier étage fourmilleront kinés, ostéos et chiropracteurs, au sein d’un des principaux services, avec un dynamomètre isocinétique qui permet de rechercher un déficit musculaire. Pour Lorenzo Martinez Pacheco, responsable du secteur de physiologie, « la polyclinique est organisée de façon optimale ». Un espace de récupération (bains froids) sera proposé aux athlètes.
Au second étage, l’offre de soins s’articulera autour de consultations de médecine du sport, de chirurgie orthopédique, mais aussi de gynécologie, cardiologie, psy et podologie. Au troisième se déploie le service de soins dentaires avec fauteuils et radio panoramique. Ophtalmologie et optique seront proposées – de l’examen à la conception des lunettes. Le plateau d’imagerie comprendra deux IRM (dans des camions dédiés), trois boxes d’échographie et cinq radios. Une quarantaine de radiologues devraient se relayer pendant les Jeux.
Nous devrons gérer un maximum de problèmes sur place
Alain Frey, responsable de la polyclinique
Le défi médical est à la hauteur. Jusqu’à 700 athlètes par jour pourront être accueillis pendant les week-ends et une centaine par jour en semaine, ce qui fera ponctuellement de cette clinique un des plus gros services d’urgences du pays (qui fonctionnera 24 h/24 avec permanence de nuit).
Pour les soins non programmés et consultations spécialisées, la clinique sera ouverte de 7 heures à 23 heures. Athlètes ou médecins fédéraux pourront prendre rendez-vous auprès des services dédiés. « Nous devrons gérer un maximum de problèmes sur place, sans avoir recours aux autres services des hôpitaux qui seront déjà très occupés, résume le Dr Alain Frey, médecin du sport expérimenté, qui supervisera le dispositif médical de la clinique éphémère. Mais si on se rend compte que le cas est plus grave, nous l’adresserons à Bichat ». La pré-ouverture est programmée ce vendredi 12 juillet et l’accueil des premiers athlètes le 18 juillet. Pour Florence Kania, directrice administrative de la polyclinique, « nous avons le sentiment de partager quelque chose d’unique, d’éphémère et d’extraordinaire ».
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