Une activité physique régulière permet de prévenir de nombreuses maladies chroniques : maladies cardio et cérébrovasculaires, diabète de type 2, obésité, dépression, cancers… rappelle la Haute Autorité de santé (HAS). En octobre 2018, celle-ci a d'ailleurs publié des recommandations en ce sens, assorties d'un guide pratique pour aider les médecins à en prescrire. Pourtant à ce jour en France, moins d'une femme sur deux (53 %) atteint les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, à savoir 30 minutes d'activité sportive hebdomadaire.
À l'Institut de recherche du bien être de la médecine et du sport santé (IRBMS), le Dr Patrick Bacquaert, consultant en médecine du sport, observe aussi les effets du sport sur la santé des femmes et notamment les effets de la performance chez les athlètes féminines. Verdict ? « Naturellement, les performances féminines sont inférieures à celles des hommes, pointe-t-il, mais les femmes, lorsqu'elles s'engagent dans un challenge, sont plus persévérantes que les hommes. Il arrive alors que pour rattraper ou améliorer des performances, elles travaillent l'endurance de façon obsessionnelle ». Transférées à « madame tout-le-monde », ces pratiques provoqueraient des événements secondaires qui seraient de véritables bombes à retardement pour la santé.
« Chez les femmes qui pratiquent une activité d'endurance de façon obsessionnelle nous mettons en garde contre des troubles de cycles mensuels qui peuvent évoluer en aménorrhée secondaire et provoquer de l'ostéoporose », explique le spécialiste. Il reste cependant difficile de donner une recommandation sur le seuil limite à ne pas dépasser sous peine d'entrer dans un cycle addictif. « En particulier car nous ne sommes pas tous égaux devant la réponse hormonale. Néanmoins, quand une adolescente dépasse cinq heures hebdomadaires de course à pieds, on sait qu'elle se met en danger dans sa construction psychologique à la dépendance », évalue le médecin. Parmi les autres effets néfastes de l'endurance, les soignants évoquent aussi les aspects ostéoarticulaires et notamment les fractures de fatigue en lien avec la fixation du calcium.
Pour autant, ils incitent à pratiquer, car le bénéfice risque reste positif et les femmes qui se mettent en danger par leurs excès restent minoritaires. « Il faut simplement trouver le juste milieu qui correspond à son désir, rappelle le Dr Bacquaert, et connaître la façon de bien pratiquer », de la qualité de l'équipement, en passant par les valeurs cibles de fréquences cardiaques à atteindre et ne pas dépasser, jusqu'aux conditions d'échauffement et de récupération après l'effort en lien avec la diététique du sport.
Évaluer les risques lors d'un entretien
Les généralistes formés à la prescription du sport essayent de faire comprendre l'importance de se tourner vers des pratiques encadrées. Dans ses recommandations, la HAS met aussi en avant l'importance de l'entretien motivationnel lors de la consultation chez le généraliste qui ne vise pas à décourager le futur pratiquant mais permet d'évaluer les facteurs de risques avec un interrogatoire très simple. Pourquoi le sport ? Voulez-vous performer ? Y-a–t-il eu des décès par mort subite dans votre famille ? Vous sentez-vous facilement essoufflée… « Car s'il n'y a pas d'âge pour acquérir de bonnes résolutions et se mettre à l'activité physique, il y a un âge pour tout et plus on avance en âge, sans avoir mémorisé de pratique, plus il est difficile de commencer », rappelle le médecin.
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