« Aujourd’hui, il est indéniable que les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont un impact quasi systématique sur les organisations de travail. Il s’agit d’outils puissants qui vont structurer les façons de travailler d’une manière significative », explique Sylvia Pelayo, maîtresse de conférences en ergonomie cognitive à l’université de Lille 2.
Dans ce contexte, le rôle de l’ergonome est d’agir en amont pour contrôler au mieux l’impact de ces TIC sur les organisations. « Il convient de faire une analyse fine de la situation qui va permettre de comprendre les enjeux, de prendre en compte les variables intermédiaires et de mesurer l’impact réel du changement provoqué par ces TIC », explique Sylvia Pelayo, en insistant notamment sur la nécessité d’accompagner les personnels qui vont être amenés à les utiliser. « C’est important de communiquer en amont avec eux et d’analyser leurs besoins, leurs attentes. On parle alors de conception centrée utilisateur ».
À titre d’exemple, Sylvia Pelayo évoque une étude menée dans un petit hôpital où devaient être mis en place des logiciels d’aide à la prescription pour les médecins et les infirmier-e-s. « On sait que l’installation de ce type d’outils entraîne une standardisation des procédures et risque d’avoir un impact négatif sur la communication notamment orale entre les médecins et les infirmiers. Nous sommes donc allés dans cet hôpital, en amont, pour observer et modéliser les pratiques de travail des uns et des autres. Ensuite, sur la base de ces données, nous avons décliné des recommandations ergonomiques fonctionnelles de l’outil et des recommandations organisationnelles sur la manière dont il devrait être installé. Au final, nous avons fait une analyse avant/après qui a montré que ces logiciels d’aide à la prescription n’avaient pas de réel impact négatif sur les relations entre médecins et infirmiers si les variables organisationnelles étaient correctement contrôlées ».
D’après un entretien avec Sylvia Pelayo, maîtresse de conférences en ergonomie cognitive à l’université de Lille 2, coordinatrice adjointe du Centre d’investigation clinique pour les innovations technologiques.
Article précédent
Des conditions d’exercice qui rendent l’intervention délicate
Article suivant
Aménager le compte personnel des salarié-e-s
Dyspnée, des outils d’évaluation en médecine du travail
L’épreuve d’effort est sous-utilisée
Une discipline trop souvent décriée
Compenser ou prévenir, il faut choisir
Vivre avec les nouvelles technologies au travail
Un outil de traçabilité et de prévention
Les centres d’appel génèrent des chocs acoustiques
Se préoccuper de l’ouïe au-delà de l’exposition au bruit
Une invisibilité à déconstruire
Certains facteurs sont reconnus, d’autres sont évoqués
Des conditions d’exercice qui rendent l’intervention délicate
L’ergonome doit agir en amont
Aménager le compte personnel des salarié-e-s
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024