L’agriculture biologique s’est installée en France dans la marginalité, sans véritables moyens financiers dédiés à son développement. Elle atteint aujourd’hui 10 % de la surface agricole et 19 % des agriculteurs sont bio. L’impact favorable de l’agriculture biologique sur l’environnement est bien documenté. Alors que la pollution de l’eau, due essentiellement aux nitrates, phosphore et produits phytosanitaires d’origine agricole, continue de s’aggraver, l’agriculture biologique permet de la réduire.
Un rapport récent de la Cour des comptes pointe du doigt l’insuffisance des aides nationales à la bio alors qu’elle apporte des bénéfices concluants en termes de santé et d’environnement. Les Agences de l’Eau ne s’y trompent pas, en finançant les agriculteurs qui se convertissent : la prévention s’avère bien moins coûteuse que la décontamination de l’eau potable.
Les principes agronomiques contribuent également à améliorer la fertilité des sols, grâce à des teneurs en matière organique plus élevées, ainsi qu’à une meilleure capacité des sols à retenir l’eau et à séquestrer le carbone.
Des enjeux de santé publique
L'agriculture bio a le courage d’exclure les OGM, pas vraiment indispensables dans notre régime alimentaire, ainsi que les produits issus de la chimie de synthèse. La bio connaît quelques impasses techniques qui permettent à ses détracteurs de rappeler qu’elle a aussi ses défauts comme l’utilisation du cuivre en viticulture ou l’absence de traitement antifongique dans le stockage de certains aliments. Mais ces lacunes sans effets réellement démontrés ne doivent pas nous éloigner des enjeux de santé publique. L’obésité est sûrement notre plus grand défi car il s’accompagne d’autres pathologies de civilisation (diabètes de type 2, maladies cardiovasculaires, cancers…). L’étude Bionutrinet démontre une probabilité de surpoids et d’obésité beaucoup plus faible de 42 % pour les femmes qui mangent bio régulièrement.
La littérature scientifique montre une imprégnation générale de la population, y compris du fœtus, par les pesticides. Nous en connaissons les principales sources d’exposition : l’alimentation et la boisson. En France, la moitié des aliments non bio contient des résidus de pesticides, dont 60 % sont soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens. Le rapport PAN Europe qui se fonde sur l’analyse de données issues du programme européen de surveillance des résidus de pesticides démontre que 29 % des fruits produits en Europe sont contaminés. Il s’agit de substances suspectées d’être cancérogènes pour l’homme, toxiques pour la reproduction.
Aider nos concitoyens à faire des choix
Alors, faut-il chercher le petit grain de sable dans l’alimentation bio ou s’appuyer sur nos connaissances pour aider nos concitoyens à faire des choix ? Pour l’homo sapiens qui cherche encore à se reproduire et à profiter de l’espérance de vie en pleine santé, manger des aliments qui ne contiennent pas de résidus de pesticides, ni d’antibiotiques est une nécessité. Pour suivre les recommandations de l’ANSES incitant à consommer plus d’aliments riches en fibres, recourrons à une agriculture qui se passe de pratiques et d’intrants nocifs. Et si l’on prend appui sur le concept « One Health » où la santé des humains et la santé de la planète ne font qu’un, il faut vraiment se pencher sur l’univers culinaire que nous offre cette agriculture biologique. Manger Bio n’est pas une religion ou un appel à soutenir une filière économique. C’est se proposer des aliments qui nous font du bien et protègent notre santé.
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