La télésurveillance permet à un professionnel médical d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d’un patient et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à sa prise en charge. Ses objectifs sont de parvenir à un état de stabilité de la maladie, voire de l’améliorer, grâce à une surveillance et des soins adaptés, avec une prise en charge à domicile, tournée vers la qualité de vie des patients en évitant les hospitalisations.
Après l’expérimentation Étapes, la télésurveillance est entrée dans le droit commun en 2023, pour quatre pathologies chroniques : insuffisance respiratoire ; insuffisance rénale ; insuffisance cardiaque et diabète. « Un schéma commun d’organisation a été défini pour ces pathologies, avec l’intervention de trois acteurs : le patient, l’opérateur (le médecin qui prescrit la télésurveillance et qui assure le suivi) et le fournisseur du dispositif médical numérique. Mais ce modèle n’est pas adapté à la pneumologie, déplore le Pr Jésus Gonzalez (Pitié-Salpêtrière, AP-HP). En effet, les prestataires de santé à domicile d’appareils respiratoires ont été exclus du système de remboursement, alors que leur rôle est prépondérant, comme cela a été établi dans l’expérimentation Étapes. On ne peut donc plus continuer selon le même schéma. Il faut tout réorganiser, et cela demande du temps. »
Les prestataires ont été exclus du système alors que leur rôle est prépondérant
Pr Jésus Gonzalez
« En ce qui concerne la ventilation non invasive, tous les outils technologiques sont prêts (ventilateur, algorithme de décision établi par la Société de pneumologie de langue française, agrégateur). Il reste à travailler sur l’organisation. Pour l’oxygénothérapie, le matériel ne peut pas encore communiquer avec l’opérateur », poursuit le spécialiste.
Changement d’échelle
Afin de faciliter la mise en place de la télésurveillance, l’association Belvedair a été créée pour les pneumologues libéraux. Depuis un an, trop peu de médecins se sont lancés, alors qu’il y a 100 000 malades ventilés en France et près de 150 000 sous oxygène. À l’hôpital, la mise en œuvre de la télésurveillance sera encore plus longue : les appels d’offres ont été lancés et il va falloir signer des conventions avec les prestataires d’appareils respiratoires à domicile.
« Il faut noter que la France est le seul pays au monde qui rembourse la télésurveillance. C’est vraiment positif. Cependant, l’organisation est complexe et il faudra peut-être encore un an avant qu’elle soit implantée à grande échelle », considère le Pr Gonzalez.
Entretien avec le Pr Jésus Gonzalez (Pitié-Salpêtrière, AP-HP)
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