Un vaste travail publié en début d’année, réalisé avec le soutien de la fondation Bill et Melinda Gates, montre que la baisse de mortalité infantile entre 2000 et 2013 est notamment liée à une réduction des pneumonies. Mais celles-ci restent responsables de près d’un million de décès au niveau mondial, soit 15 % des 6,3 millions de décès annuels dans la population pédiatrique (1).
En 2010, le nombre de cas de pneumonie était estimé à environ 120 millions dont 14 millions de formes sévères et 12 millions d’hospitalisations (2). Les pays d’Afrique et d’Asie du sud-est paient le plus lourd tribut
L’incidence et la sévérité des pneumonies sont maximales au cours des six premiers mois de vie. L’infection par le VIH est un facteur de risque de pneumonie sévère (risque multiplié par 6 comparativement aux enfants séronégatifs). Les enfants non infectés par le VIH mais nés d’une mère séropositive sont également plus à risque de pneumonie (3).
L’impact de la vaccination, particulièrement net avant deux ans
La vaccination contre Haemophilus influenza de type b et contre le pneumocoque s’est accompagnée d’une réduction des hospitalisations pour pneumonie, très nette chez les enfants de moins de deux ans, un peu moins marquée chez les deux à quatre ans (4). Le vaccin pneumococcique conjugué a bien sûr réduit l’incidence des pneumonies sévères et des bactériémies, mais son impact a été encore plus important sur les pneumonies non bactériémiques. Ses bénéfices ont été particulièrement observés chez les enfants infectés par le VIH (5). Et la protection indirecte conférée par le vaccin s’est traduite par une diminution des hospitalisations pour pneumonie chez les adultes.
Malgré tout, l’incidence des pneumonies reste élevée notamment avant l’âge de 6 mois, y compris dans les régions avec une bonne couverture vaccinale (3).
Le diagnostic étiologique reste difficile, même s’il y a eu des avancées dans le recueil des prélèvements et les techniques d’analyse moléculaire. Les experts restent attentifs à la possible émergence de pneumonies liées à des sérotypes non ciblés par le vaccin pneumococcique à 13 valences ou à d’autres pathogènes comme le virus respiratoire syncytial, le staphylocoque doré ou le virus de la coqueluche. Dans les régions à forte prévalence de la tuberculose, une infection tuberculeuse confirmée est retrouvée chez 7 à 8 % des cas de pneumonie.
(1) Liu L et al. Lancet. 2014 Sep 30. pii: S0140-6736(14)61698-6
(2) Nair H et al. Lancet. 2013;381(9875):1380-90
(3) Le Roux D et al. Lancet Global Health 2015; 3:e95-103
(4) Bhutta ZA et al. Lancet 2013;381(9875):1417-29
(5) Madhi SA et al. Clin Infect Dis 2005,40:1511-18
(6) Madhi SA, et al. N Engl J Med 2014 Sep 4;371(10):918-31
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