L’exposition aux polluants débute avant même la naissance, dès la vie in utero, avec des conséquences sur la croissance fœtale, comme l’ont souligné les travaux réalisés ces dernières années. Notamment, l’analyse regroupée de 14 études de cohortes menées dans une douzaine de pays d’Europe a mis en évidence une relation inverse entre l’exposition maternelle à la pollution et le périmètre crânien à la naissance, ainsi qu’une prévalence accrue de petit poids de naissance chez les bébés nés à terme.
Un autre travail, mené sur quelque 11 000 enfants en Californie, a mis en évidence une réduction de la croissance postnatale chez les enfants dont la mère vivait durant sa grossesse dans une zone avec de fortes concentrations en PM10 et en NO2. Ce même travail a montré un impact de la pollution sur l’évolution de la fonction pulmonaire et sur le risque d’asthme ultérieur. Une méta-analyse de 19 études a retrouvé une association entre le degré d’exposition aux particules fines et aux oxydes d’azote et la survenue de sifflements.
La pollution de l’air pourrait aussi favoriser les pneumonies chez l’enfant, comme le suggèrent plusieurs études de cohorte. Enfin, l’exposition dans l’enfance à ces polluants semble contribuer à la survenue de cancers bronchiques et de maladies cardiovasculaires à l’âge adulte.
Des mesures de réduction de la pollution atmosphérique sont prises par les autorités de différents pays, mais les praticiens ont aussi un rôle à jouer à leur niveau en conseillant leurs patients. La Fondation du poumon britannique a fait un certain nombre de propositions dans ce sens. Elle préconise notamment d’éviter la pratique d’un exercice physique intense à l’extérieur les jours de pollution, et de faire du sport en intérieur dans des pièces bien ventilées. Les asthmatiques doivent veiller à disposer d’un inhalateur en permanence et éviter de traverser des zones très polluées lorsqu’ils se rendent à l’école ou au travail. L’intérêt du port d’un masque facial est une question posée par de nombreux parents, mais les données actuelles ne permettent pas de conclure sur la pertinence du port d’un tel masque, qui est par ailleurs assez inconfortable et peut même accentuer les difficultés respiratoires chez certains patients.
40 % des enfants exposés au tabagisme passif
La pollution domestique est également un problème majeur, notamment la combustion incomplète de produits de chauffage comme le charbon ou le bois, aux conséquences particulièrement délétères, sans oublier le tabagisme passif, auquel 40 % des enfants sont exposés à l’échelle mondiale. Elle a elle aussi des effets néfastes dès la vie in utero, sur le développement pulmonaire et sur le risque de symptômes respiratoires et d’asthme dans l’enfance.
Le changement climatique est également susceptible d’avoir des conséquences négatives sur la santé respiratoire. Tout comme la pollution de l’air, il participe aux perturbations de l’écosystème et à la perte de la biodiversité, ce qui, associé aux conséquences sociales qu’il entraîne, a un impact sur la santé. L’élévation des températures s’accompagne d’une augmentation des taux de particules fines et d’ozone, avec pour conséquences un risque accru de maladies cardiovasculaires et pulmonaires. Dans les zones tropicales, les périodes de pluie sont de plus en plus prolongées. Or, c’est pendant ces périodes que le risque de pneumonie est le plus élevé. De même, la durée d’exposition aux pollens va croissant, entraînant un risque accru de maladies allergiques.
Chez les enfants souffrant de mucoviscidose, l’humidité de l’air favorise les infections par les mycobactéries atypiques ou par Pseudomonas aeruginosa. Et les évolutions climatiques ont bien sûr un impact sur la bronchopneumopathie chronique obstructive, avec plus d’exacerbations et une mortalité accrue.
Autant d’éléments qui doivent être pris en compte par les praticiens et par les autorités sanitaires.
Présentations des Prs Jonathan Grigg (Londres, Royaume-Uni), Aneesa Vanker (Capetown, Afrique du Sud) et Peter Sly (Brisbane, Australie)
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