La principale cause de décès post-partum

Les notes hormonales du blues périnatal

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Publié le 24/03/2020
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On connait mieux les éléments impliqués dans la dépression périnatale, pathologie fréquente et pour laquelle se développent des traitements spécifiques.
Un taux plus bas d'allopregnanolone en fin de grossesse

Un taux plus bas d'allopregnanolone en fin de grossesse
Crédit photo : phanie

« La dépression périnatale concerne 10 à 20 % des femmes, et le suicide, responsable d’un décès sur 5, est devenu maintenant pratiquement la principale cause de mortalité dans le post-partum, souligne le Pr Philippe Fossati, La Pitié Salpêtrière. Sans oublier la dimension majeure des conséquences développementales pour l’enfant. » Classiquement, elle apparaît après l’accouchement et jusqu’à 4 semaines après, mais elle pourrait débuter un peu avant l’accouchement et survenir dans les 6 mois suivant.

Les symptômes sont ceux de la dépression caractérisée, souvent associés à des aspects de dysfonctionnement émotionnel à composante mixte — anxiété, irritabilité, préoccupations autour du nouveau-né et des compétences parentales — et un surrisque de troubles évoquant la bipolarité.

Un effondrement hormonal

Sur le plan physiopathologique, on retrouve des facteurs communs à la dépression classique, obéissant à la règle des 3P : facteurs Prédisposants, Précipitants et Perpétuants. On retrouve le rôle du stress, en liaison avec des problèmes socioéconomiques, conjugaux etc. ; de pathologies somatiques, comme la prééclampsie (qui augmente le risque de dépression), mais aussi de facteurs génétiques et épigénétiques, d’éléments de la dynamique de coopération des réseaux cérébraux. La neuroinflammation serait aussi impliquée.

La dépression du post-partum fait partie des troubles liés aux hormones de la reproduction, au même titre que la dysphorie prémenstruelle ou la dépression périménopausique. Il faut insister sur les éléments spécifiques que sont les facteurs neuroendocriniens, œstrogènes, progestérone, ocytocine, neurostéroïdes et stéroïdes neuroactifs. La chute brutale des hormones de la reproduction joue un rôle essentiel. « On n’a pas montré de corrélation entre taux hormonal sanguin et dépression : c’est l’amplitude de la baisse hormonale qui interviendrait, de même qu’une augmentation de la sensibilisation aux signaux hormonaux, par ailleurs modulée par des facteurs épigénétiques », explique le psychiatre.

Des traitements spécifiques

Les stéroïdes actifs sur les récepteurs cérébraux et les neurostéroïdes synthétisés au niveau cérébral, comme l’alloprégnanolone, potentialisent la fonction des récepteurs GABA centraux et périphériques. À noter que les neurostéroïdes interviennent aussi dans la dépression classique. L’allopregnanolone est un dérivé de la progestérone qui augmente en fin de grossesse et chute brutalement dans le post-partum, un taux plus bas en fin de grossesse étant associé à une augmentation du risque de dépression périnatale.

Le brexanolone, un analogue de l’alloprégnanolone, est désormais commercialisé aux États-Unis. Avec un mode d’action différent des neurotransmetteurs classiques, il a fait la preuve d’une efficacité significative, rapide et qui se maintient dans le temps sur la dépression du post-partum après une seule perfusion.

Une autre molécule, le MAP4343 (3β-methoxy-pregnenolone), qui a un impact neuro-protecteur, développé par le Pr Etienne-Emile Baulieu, est en cours d’étude dans les neurotraumatismes aigus et les troubles dépressifs.

Session « Post-partum blues »

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin