Le sport rend-il fou ?

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Publié le 07/11/2024
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Les traumatismes crâniens sont fréquents dans la pratique sportive. Ils peuvent entraîner des conséquences à court ou à long terme, plus ou moins graves. Face à l’encéphalopathie chronique traumatique, l’imagerie ne permet pas toujours de conclure.

Un sujet médiatisé mais avec encore des inconnues

Un sujet médiatisé mais avec encore des inconnues
Crédit photo : DANIEL VAQUERO/SIPA

Le traumatisme crânien grave lié au sport est rare. Il est souvent responsable de troubles de la conscience ou de déficits neurologiques focaux, et nécessite une exploration urgente par tomodensitométrie.

Fréquent dans les sports de contact, le traumatisme crânien commotionnel est, quant à lui, marqué par un dysfonctionnement cérébral immédiat et transitoire. La symptomatologie est aspécifique (céphalée, troubles de la concentration…) et l’exploration se fait par IRM. « Les traumatismes mineurs répétés posent davantage problème : ils peuvent être associés à des lésions cérébrales, même en l’absence de perte de connaissance et même avec des pratiques de jeu normales dans les sports de contact. On ne voit généralement rien sur le scanner ou en IRM avec les séquences conventionnelles », prévient le Pr Damien Galanaud (La Pitié Salpetrière, AP-HP). Pour enrichir les explorations, il est possible d’utiliser des marqueurs biologiques sanguins : protéine S 100 (largement disponible mais peu sensible), neurofilaments (sensible mais peu disponible), IL6, GFAP, etc. Ces techniques restent encore du domaine de la recherche.

De nombreuses études en cours

Les conséquences à long terme des traumatismes crâniens répétés sont explorées depuis la première moitié du XXe siècle, notamment dans la boxe, aux États-Unis. Puis, c’est le football américain qui a été mis en cause.

Les explorations anatomopathologiques ont abouti au concept d’encéphalopathie chronique traumatique (ECT), caractérisée par la présence de nombreuses plaques amyloïdes (dépôts de protéines Tau, préférentiellement au sein des régions frontales et temporales).

Il n’existe pas à ce jour, de diagnostic in vivo de l’ECT. Elle se développe avec le temps et se traduit par des signes neurocognitifs que l’on peut détecter chez des athlètes de sports de contact même les plus jeunes (moins de 30 ans).

Bien d’autres sports à haut risque d’impact (hockey, rugby, basket, baseball, judo, karaté, taekwondo…) pourraient être concernés. « Le football, et plus particulièrement la pratique du jeu de tête, qui provoque des traumatismes sous-commotionnels répétés, fait actuellement l’objet de recherches. C’est un sujet très médiatisé, mais il reste encore beaucoup d’inconnues », souligne le Pr Stéphane Kremer (Strasbourg).

Il faudrait pouvoir évoquer le diagnostic chez des sportifs vivant avec des arguments cliniques, biologiques et d’imagerie. Des centres experts se mettent en place afin de mieux caractériser cette pathologie et pouvoir agir en amont.

Session « Sport et cerveau »

Dr Christine Fallet

Source : Le Quotidien du Médecin