Spondyloarthrites

L’atteinte périphérique marqueur de sévérité

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Publié le 09/12/2019
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L’étude de la cohorte DESIR montre que l’existence de manifestations périphériques permet d’emblée d’identifier les formes de spondyloarthrite qui seront les plus actives et les plus sévères au cours de leur évolution.
Les SpA constituent une maladie très hétérogène

Les SpA constituent une maladie très hétérogène
Crédit photo : Phanie

Les spondyloarthrites (SpA) constituent une maladie très hétérogène que ce soit sur le plan clinique ou évolutif. « L’objectif de nos deux études était donc de repérer des clusters, c’est-à-dire des groupes homogènes de patients en fonction de certaines caractéristiques et d’en évaluer la sévérité au cours du temps afin d’adapter au mieux leur prise en charge », explique la Dr Félicie Costantino.

À partir de la cohorte DESIR qui a inclus des SpA axiales, il a été possible d’identifier dès l’inclusion deux phénotypes de SpA : des formes axiales isolées et des formes associées à des atteintes périphériques.

Des formes plus actives cas de lésions périphériques

Les 586 patients ayant été suivis jusqu’à 5 ans ont permis de montrer que les deux sous-groupes ainsi individualisés gardent une évolution distincte au fil du temps. On peut donc déterminer dès le début de la maladie que les formes associées à une atteinte périphérique sont les plus à risque de faire une maladie plus sévère. En effet chez ces patients plus souvent atteints d’arthrites, d’enthésites ou de dactylites, l’activité de la maladie évaluée sur le BASDAI et l’ASDAS est plus élevée. Ils requièrent davantage de traitements de fond par thérapies classiques, ou par biothérapie, et plus d’AINS. Leur qualité de vie est par ailleurs plus altérée que dans les formes axiales pures. Cette évolution plus sévère se vérifie tout au long du suivi. Une étude similaire menée en France en 2009 sur des formes familiales de SpA retrouvait déjà une dichotomie similaire entre formes axiales pures ou axiales et périphériques, ce n’est donc pas spécifique à la cohorte DESIR.

Par contre, si les formes associées à des lésions périphériques sont plus actives et plus sévères, elles sont moins associées à une sacro-iléite radiologique et l’ossification rachidienne est équivalente entre les deux groupes. Ce qui pourrait faire penser que ce n’est pas l’atteinte radiologique qui altère le plus la qualité de vie et qu’elles ne constituent peut-être plus vraiment le problème central dans la maladie.

Cette étude soulève plusieurs questions concernant l’approche des formes axiales et périphériques : doit-on les suivre de façon plus rapprochée ? Être plus interventionniste avec peut-être un recours plus précoce aux traitements de fond ? Cela reste encore à déterminer…

Costantino F. et al. Arthritis & Rheumatology, (Hoboken, NJ). 2016;68(7):1660 8.

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin