Une étude de la cohorte Bruneck a porté sur 816 patients présentant une gonarthrose et/ou une coxarthrose, suivis prospectivement pendant 15 ans (1). 374 microARN (miARNs) ont été mesurés dans leur sérum afin de déterminer si certains d’entre eux étaient des facteurs indépendants associés au recours à l’arthroplastie (qui a concerné 67 patients). Les miARNs sont des molécules de petite taille -une vingtaine de nucléotides- qui jouent un rôle clé dans l’expression des protéines. Ils sont capables, en se fixant aux ARNs messagers, d’influer sur leur stabilité et sur le mécanisme de traduction. Chez l’homme, plus de 400 types de miARNs régulent l’expression d’au moins un tiers des gènes.
Les analyses du sérum au début du suivi ont montré que 3 miARNs (let-7 e, miR-454 et miR-885 5p) sont des facteurs prédictifs indépendants associés au recours à la prothèse de genou ou de hanche, témoignant d’une arthrose plus sévère. « Pour la première fois, nous sommes capables de prédire le risque de sévérité d’une arthrose avant que la maladie n’ait un retentissement significatif sur la vie du patient, ce qui permet de mettre en place précocement des actions préventives », a déclaré le Dr Christian Beyer (université Erlangen-Nuremberg, Allemagne), principal auteur de l’étude.
Coexistence d’une douleur neuropathique
La discordance entre les dommages structurels et la sévérité de la douleur dans la gonarthrose suggèrent l’existence d’une douleur à composante neuropathique. Cette hypothèse a été vérifiée dans une étude turque (2). Les auteurs ont recherché une douleur neuropathique chez 103 patients atteints de gonarthrose depuis au moins trois mois et diagnostiqués selon les critères ACR. Les patients ayant une pathologie associée susceptible de donner une neuropathie ou ceux recevant des traitements de la douleur neuropathique ont été exclus. Les patients ont été répartis en deux groupes selon la gravité radiographique (groupe 1 : Kellgren-Lawrence de grade I-II ; groupe 2 : Kellgren-Lawrence de grade III-IV). En plus de l’Échelle visuelle analogique (EVA), du score de fonction (KOS-ADSL) et de la qualité de vie (NHP), les patients ont répondu à deux questionnaires d’évaluation de la douleur neuropathique : LANNS et DN4. Les patients du groupe 2 étaient plus âgés que ceux du groupe 1 (67,30 ans versus 59,74 ans). 10 % des sujets du groupe 1 avaient une douleur neuropathique contre 79,2 % dans le groupe 2. Les résultats montrent aussi que les scores de douleur neuropathique sont corrélés aux lésions radiographiques et au score fonctionnel (KOS-ADSL), mais négativement corrélé au score de qualité de vie (NHP). Ainsi, la présence de douleurs neuropathiques augmente avec la sévérité radiographique de la gonarthrose et paraît avoir un retentissement tant sur la fonction que sur la qualité de vie. Cette composante neuropathique devrait être prise en compte de manière spécifique dans la prise en charge des patients souffrant de gonarthrose.
(1) Beyer C. et al. Abstract OP 0003
(2) Evcik D et al. Abstract OP 0059
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