La PPR est un rhumatisme inflammatoire qui touche les personnes âgées de plus de 50 ans (pic de fréquence à 70 ans). Elle se manifeste par des articulations douloureuses, essentiellement au niveau des épaules et du bassin. Les corticoïdes restent le principal traitement, mais environ 45 % des patients rechutent au cours de la première année et 25 % d’entre eux sont corticodépendants. Des stratégies visant à réduire les effets indésirables de la corticothérapie au long cours ont été développées, mais elles se sont révélées peu efficaces. La pathogenèse de la PPR est encore inconnue. Cependant, l’IL-6 semble jouer un rôle central.
« Nous avions déjà montré en 2014 que le tocilizumab en monothérapie, dans un essai en ouvert, chez des patients atteints d’une PPR d’apparition récente, était associé à une amélioration des taux de rémission et permettait de contrôler la maladie sans corticoïdes. L’objectif de l’étude SEMAPHORE (1,2) était de démontrer l’efficacité du tocilizumab chez des patients corticodépendants », explique la Pr Valérie Devauchelle-Pensec.
Une centaine de patients inclus
En France, 17 centres ont participé à l’étude, dont le CHRU de Brest est promoteur. Dans cet essai clinique de phase 3 randomisé en double aveugle, 101 patients, de 67,2 ans de moyenne d’âge, ont été inclus, dont 67,3 % de femmes. Ils devaient présenter une activité persistante de la maladie, définie par un score d’activité calculé à partir du taux de la protéine C-réactive (CRP PMR-AS) supérieur à dix, malgré une dose de prednisone ≥ 10 mg/jour.
Les patients ont été tirés au sort pour recevoir soit du tocilizumab intraveineux (8 mg/kg) soit un placebo, toutes les quatre semaines pendant 24 semaines, avec une réduction progressive standardisée prédéfinie de la prednisone orale. Le principal critère d’efficacité était une CRP PMR-AS inférieure à dix, associée à une dose de prednisone ≤ 5 mg par jour ou à une diminution de la dose de prednisone ≥ 10 mg par rapport aux valeurs initiales, à la semaine 24.
Une réduction de l’activité de la maladie
Au total, 67,3 % des patients sous tocilizumab ont répondu au critère principal, contre 31,4 % de ceux du groupe placebo (différence ajustée de 36 % [IC 95 %, 19,2 %-52,6 %] ; risque relatif ajusté 2,3 [IC 95 %, 1,5-3,6] ; p < 0,001). À la semaine 24, le pourcentage de patients ne prenant plus de corticoïdes était de 49 % dans le groupe tocilizumab versus 19,6 % dans le bras placebo (différence ajustée de 29,3 % [IC 95 %, 18,9 %-39,7 %] ; risque relatif ajusté 2,5 [IC95 %, 1,8-3,5] ; p < 0,001). Les évènements indésirables les plus fréquents étaient les infections chez 23 patients du groupe tocilizumab (46,9 %), versus 20 patients sous placebo (39,2 %).
« Ces résultats confirment l’efficacité du tocilizumab dans la prise en charge de patients souffrant de PPR corticodépendante. Les patients ont moins de poussées, et peuvent diminuer nettement ou arrêter les corticoïdes. Cette étude suggère ainsi que le tocilizumab pourrait constituer une nouvelle stratégie pour traiter la PPR. D’autres études sont cependant nécessaires pour confirmer l’efficacité et la balance bénéfice/risque de cette stratégie thérapeutique, conclut la Pr Valérie Devauchelle-Pensec. Par ailleurs, d’autres inhibiteurs de l’IL-6 sont également à l’étude dans la PPR corticodépendante ».
(1) Devauchelle-Pensec V. et al. JAMA 2022;328:1053-62.
(2) Devauchelle-Pensec V. et al. SFR 2022, abstract 836.
Article précédent
Une édition pratique et scientifique
Article suivant
Avantage aux corticoïdes dans la crise aiguë de chondrocalcinose
Une édition pratique et scientifique
Pseudo-polyarthrite rhizomélique : le tocilizumab bénéfique
Avantage aux corticoïdes dans la crise aiguë de chondrocalcinose
Troubles musculosquelettiques : une prévalence nationale élevée
Rhumatismes inflammatoires : pourquoi des douleurs persistantes ?
Réponse humorale après Covid-19, en cas de RIC
Gare aux anticorps anti-biomédicament !
Sarcopénie : un surrisque de fracture
Diagnostic d’arthrite septique
Perturbateurs endocriniens et arthrose
SMS du congrès de la SFR 2022
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024