LES INFILTRATIONS rachidiennes, si elles sont réalisées, doivent l’être dans le cadre des recommandations et avec prudence. Dans les lombalgies aiguës le bénéfice des infiltrations n’a pas été étudié de façon rigoureuse en le comparant aux autres traitements. Actuellement, elles ne sont pas recommandées. Dans les lombalgies subaiguës ou chroniques, d’après une revue Cochrane de la littérature les infiltrations permettent une antalgie transitoire mais ne sont pas recommandées comme traitement étiologique. Malgré une utilisation très répandue, l’efficacité des corticostéroïdes par voie systémique et leur supériorité par rapport au placebo pour le traitement de la lomboradiculalgie non déficitaire, due à une hernie discale n’a pas été clairement démontrée ; leur utilisation ne peut donc être recommandée. L’administration locorégionale radioguidée de stéroïdes semble amener un bénéfice à court terme sur la symptomatologie douloureuse et peut être proposée après l’échec d’un traitement antalgique établi selon les paliers de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Toutefois, l’abord foraminal doit être utilisé avec circonspection et après en avoir soigneusement pesé les risques et les bénéfices avec le patient. En 2008, suite à la survenue de cas de paraplégie/tétraplégie après injections radioguidées de suspensions de glucocorticoïdes par voie intraforaminale dans des pathologies rhumatismales, une enquête officielle de pharmacovigilance a été réalisée pour évaluer les effets indésirables neurologiques liés à ces injections. Cette enquête a révélé un risque plus élevé d’infarctus médullaire après infiltration lombaire par voie foraminale radioguidée chez les patients ayant un antécédent de chirurgie du rachis lombaire. Chez ces patients, de tels accidents ont également été observés après infiltration épidurale et articulaire postérieure. L’enquête a également mis en évidence un risque d’accident vasculaire cérébral potentiellement fatal et d’infarctus médullaire après infiltration au rachis cervical. Dans une mise au point de mars 2011 (1) se fondant sur cette enquête, l’Afssaps indique dans les « névralgies cervicobrachiales évoluant depuis plusieurs mois et résistantes aux traitements médicaux bien conduits, les injections cortisoniques radioguidées au rachis cervical sont considérées comme une alternative au traitement chirurgical et ne sont indiquées qu’après évaluation individuelle du rapport bénéfice/risque », précisant toutefois que « leur efficacité n’a pas été formellement démontrée. » Concernant les injections cortisoniques foraminales radioguidées au rachis lombaire, l’Afssaps considère qu’« elles ne doivent pas être réalisées en première intention et s’adressent aux lomboradiculalgies communes, rebelles au traitement médical (pouvant inclure des injections épidurales intra-épineuses) bien conduit chez un patient informé des risques d’accidents neurologiques. » Selon l’Afssaps, Il est donc recommandé « d’informer le patient du risque de tétraplégie ou de paraplégie inhérent à la réalisation de ce type d’injection, de ne pas cathétériser les foramens cervicaux ou lombaires afin de rester à distance d’éventuelles artères à destinée médullaire, et d’éviter de réaliser une injection radioguidée sur rachis opéré. »
D’après la communication du Dr Marc Marty (hôpital Henri-Mondor, Créteil)
(1) Bardin T. Risque de paraplegie/tétraplégie lié aux injections radioguidées de gluco-corticoïdes au rachis lombaire ou cervical. Afssaps mars 2011:1–13.
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