« Du point de vue de la prise en charge thérapeutique de l’uvéite, il n’y a pas de stratégie universelle. Il faut raisonner entité par entité (SPA, maladie de Behçet, maladie de Birdshot, sarcoïdose…), au cas par cas. Il n’existe pas d’algorithme thérapeutique en raison de l’hétérogénéité des situations cliniques : on module en fonction de l’histoire de la maladie et de l’entité clinique » insiste le Pr Brézin.
Retarder la rechute avec l’adalimumab
« L’adalimumab (Humira, laboratoires AbbVie), anticorps monoclonal anti-TNF alfa a montré son efficacité dans les uvéites de type NINA (non infectious non anterior) de manière claire, » a affirmé le Pr Brézin.
La récente indication obtenue par l’adalimumab dans le traitement de l’uvéite non infectieuse, intermédiaire, postérieure et de la panuvéite (en cas de réponse insuffisante sous corticothérapie ou si celle-ci est inappropriée), repose sur 2 études pivotales randomisées et contrôlées contre placebo : VISUAL-I (n = 217) et VISUAL-II (n = 226). Le critère d’évaluation principal était le délai de survenue de la rechute définie par la présence d‘au moins un des quatre critères suivants dans au moins un œil : présence de lésions vasculaires rétiniennes et/ou choriorétiniennes inflammatoires, Tyndall cellulaire de la chambre antérieure, inflammation vitréenne et diminution de l’acuité visuelle.
Le délai médian de survenue de la rechute était significativement prolongé : 5,6 mois sous adalimumab versus 3 mois sous placebo dans l’étude VISUAL-I (HR = 0,5 ; IC95 % : 0,36-070 ; p < 0,001). Dans l’étude VISUAL-II, le délai médian de la rechute était de 8,3 mois sous placebo et non atteint sous adalimumab dans la mesure où plus de la moitié des patients traités sous anti-TNF alpha n’ont pas présenté de rechute (HR = 0,57 ; IC95 % : 039-084 ; p = 0,004).
« Les patients candidats à un traitement précoce par anticorps monoclonaux anti-TNF alfa sont les patients atteints de la maladie de Behçet car le patient vit avec une épée de Damoclès sur sa tête ; au-delà, les situations sont traitées au cas par cas, selon la sévérité : pour les cas les plus graves, la mise sous anti-TNF alfa sera plus rapide ». L’adalimumab n’a pas d’indication dans les uvéites le plus souvent antérieures associée à la SPA. « Alors que des études de registres, des méta-analyses, des études rétrospectives, montrent que les anticorps monoclonaux anti-TNF diminuent la fréquence des uvéites dans ce contexte, explique le Pr Brézin. L’adalimumab apparaît le plus efficace. Il faut alors discuter avec les rhumatologues pour l’indication rhumatologique pour pouvoir justifier le traitement. À l’avenir cette situation méritera d’être clarifiée. »
D’après un symposium et un entretien avec le Pr Antoine Brézin (ophtalmologiste, hôpital Cochin, Paris) organisé par le laboratoire AbbVie dans le cadre du congrès de l’EULAR (European League Against Rheumatism).
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