Les gynécologues sont souvent démunis face aux plaintes sexuelles des femmes, d’autant que, dans près de la moitié des cas, la sexologie ne les intéresse pas… Seulement le quart des gynécologues interrogés se disent compétents pour prendre en charge les problèmes de sexualité.
LE GYNÉCOLOGUE est le premier interlocuteur de la femme en cas de dysfonction sexuelle. Comment celui-ci prend-il en charge les troubles ? Se sent-il suffisamment formé ? Quels sont ses correspondants dans ce domaine ? Autant de questions que le docteur Anne Gicquel* a soumis aux gynécologues de toute la France, salariés ou libéraux, exerçant ou non l’obstétrique ou encore obstétriciens, via une enquête internet de 58 questions.
Manque de formation.
275 gynécologues ont répondu, en majorité des femmes, les deux tiers ayant plus de 50 ans. 74 % d’entre eux, y compris les plus jeunes, n’ont pas été formés à la sexologie pendant leurs études. 46 % ont tenté de se former après leur diplôme via des congrès et des réunions de FMC, et 12 % sont titulaires d’un DIU de sexologie. Celui-ci est connu par 91 % des gynécologues interrogés. Les obstacles à l’inscription sont généralement le temps, le fait de repasser des examens ; des formations courtes, de type réunions de FMC, sont préférées au DIU. 81 % souhaitent un enseignement de sexologie au cours du cursus médical avant spécialisation et 98 % au cours des études de gynécologie. Près de la moitié est peu intéressée par la sexologie et les deux tiers ne ressentent aucune difficulté devant une plainte sexuelle. Mais seuls 25 % se jugent compétents pour la prendre en charge. À noter qu’il n’y a pas de différence entre les réponses des hommes et des femmes. Et qu’il n’y a aucune attitude standard des gynécologues face à la plainte sexuelle. Certains sans formation se disent compétents ; d’autres, titulaires du DIU de sexologie, ne prennent pas leurs patientes en charge et, même, ne sont pas intéressés par la sexologie !
72 % des gynécologues prennent en charge le vaginisme, 89 % les dyspareunies, 56 % les troubles du désir et 44 % les troubles du plaisir. 27 % conseillent des livres, des films ou des sites internet. 53 % abordent la sexualité systématiquement en cours de consultation, souvent en cas de grossesse. 13 % seulement interrogent sur un éventuel abus sexuel lorsque la patiente consulte pour un autre motif : la question est difficile à poser autant pour les hommes que pour les femmes. 90 % ont un ou plusieurs correspondants et plus de la moitié préfèrent que le correspondant soit un médecin. Dans les questions proposant des commentaires libres, les gynécologues ont confié leur impuissance face à leurs patientes, parfois même leur agacement et le temps nécessaire à l’écoute d’autant que les femmes abordent souvent leurs troubles sexuels en fin de consultation.
Communication du Dr Anne Gicquel (médecin sexologue, Carquefou).
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