Promouvoir la variété alimentaire est le déterminant essentiel d’une alimentation diversifiée ultérieure, caractéristique majeure de bonnes habitudes alimentaires. Le fait de consommer des aliments variés à chaque repas « surprend » les sens, le cerveau et l’organisme. « Cela multiplie et renouvelle les plaisirs et encourage l’appréciation et la recherche futures de la nouveauté alimentaire, explique le Pr Benoist Schaal, responsable de l’équipe d’éthologie au Centre des sciences du goût et de l’alimentation de Dijon (CNRS-université de Bourgogne).
La structuration même du repas qui inclut de la variété (entrée, hors-d’œuvres, plat de résistance…) participe de cet effet de rebond du plaisir de manger au cours d’un même repas ». Mais comment ouvrir l’éventail des aliments consommés par les enfants ? On sait déjà que l’exposition lors de l’allaitement, mais aussi lors de la diversification, dans la période des 5-6 premiers mois de vie, à la variété alimentaire (et donc à une large palette d’odeurs, de saveurs, de textures, de couleurs, etc.) engendre une propension relativement stable à accepter la nouveauté par la suite, du moins dans l’enfance. Difficile d’être formel à plus long terme mais les recherches avancent : une étude récente (en cours de publication) réalisée au Centre des Sciences du Goût et de l’Alimentation, établit un lien entre l’exposition de l’enfant (à 5-6 mois) à une palette variée d’odeurs et de saveurs et la facilitation de l’acceptation de nouveaux aliments à l’âge de 6 ans, en particulier des légumes.
De même le fait d’être exposé précocement à une odeur particulière déclenchera plus tard une appétence pour un aliment dégageant cette odeur ou cette flaveur. « D’où l’intérêt alors de multiplier les goûts – saveurs et textures – dès six mois mais sans oublier de continuer sur la durée, afin d’augmenter par la suite l’acceptabilité de nouveaux aliments », résume le Pr Schaal.
Proposer sans imposer
Ensuite, au cours du développement de l’enfant, commence une phase plus active au cours de laquelle il ajoutera, à ce premier système de préférences, ses propres « innovations », par essais et erreurs face aux aliments nouveaux, par imitation de son entourage social avec, d’abord, la mère et la fratrie et, plus tard, les pairs.
La variété alimentaire, oui... mais pas à tout prix. La coercition parentale peut être à l’inverse un déterminant négatif. « Les chantages augmentent les risques de refus avec aussi des effets négatifs à long terme jusqu’à l’âge adulte (nausées, réponses allergiques discrètes) », précise Benoist Schaal. En revanche, des méthodes ont été testées avec succès pour augmenter l’acceptabilité d’un aliment initialement refusé comme l’association avec un aliment apprécié ou le fait de proposer de nouveau l’aliment jusqu’à 8-10 fois. « L’usage de la “consommation répétée ” est en faveur d’une alimentation variée dans l’enfance et, probablement, plus tard à l’âge adulte », confirme Natalie Rigal, psychologue-chercheur et maître de conférences à l’université Paris Ouest.
L’habitude de prendre des repas en famille permet de partager de façon conviviale et de découvrir les aliments dont on peut espérer aussi un impact sur le mode d’alimentation de l’adulte, à l’instar de faire le marché, de cuisiner en famille : « L’enfant associe le goût de l’aliment au contexte socio-émotionnel positif de la cuisine en famille, explique Nathalie Rigal. Ce partage émotionnel autour de l’alimentation facilite donc l’envie de goûter ».
Toujours dans cette optique d’éveiller l’enfant aux bonnes pratiques alimentaires importantes pour son avenir, le fait de réguler les portions, déterminant principal de la régulation énergétique. « Il s’agit de servir des quantités raisonnables, illustre Nathalie Rigal, se resservir uniquement en cas de faim et apprendre à manger lentement pour ressentir la satiété ».
Mais une bonne alimentation plus tard, c’est aussi l’apprentissage tôt dans la vie de principes alimentaires : « L’excès de sel au long cours peut entraîner une augmentation de l’appétence ultérieure pour le sel, prévient le Dr Alain Bocquet, pédiatre à Besançon et responsable du «?Groupe nutrition » de l’AFPA. Attention aussi au sucre et aux boissons sucrées, l’habitude de manger trop sucré se prend très jeune et peut conditionner cette habitude à l’âge adulte ».
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