L’économie a longtemps observé la santé avec un brin de mépris. Dans le bilan comptable, les soins dispensés relevaient toujours de la colonne dépenses ; jamais inscrits dans celle des recettes. Certes, des experts ont construit des ponts, ouvert le dialogue entre les deux disciplines. On les appelle les économistes de la santé. Mais si les ponts sont solides permettant les échanges, ils n’ont jamais édifié des cathédrales où l’on partage des valeurs communes. En 2020 toutefois, un brin de virus a modifié le regard. Sans prévenir, il a terrassé l’économie mondiale. En France, le PIB a reculé de 7,9 %, un niveau de récession, nous rappelle la Cour des comptes, jamais observé en temps de paix.
Dans le même temps, d’un coup d’un seul, la médecine dictait ses besoins, exprimait ses exigences, du jamais vu en temps de paix… ou de guerre. Résultat, aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence en juillet dernier, la grand-messe annuelle des économistes orthodoxes, on a rarement compté autant de sessions consacrées aux liens entre économie et santé. Arnaud Fontanet (Institut Pasteur) a ainsi élaboré un nouveau théorème. Dans les pays qui ont édicté très rapidement des mesures de confinement au printemps dernier comme le Danemark et l’Allemagne, les économies ont mieux encaissé le choc, comparées aux autres pays où le confinement a été retardé. Faut-il alors célébrer les noces entre économie et santé publique ? D’autant que l’innovation en santé est érigée en priorité nationale avec une enveloppe de 7 milliards d’euros annoncée par Emmanuel Macron (voir p. X)
Ce moment de grâce est toutefois perturbé par la Cour des comptes. La messe ne serait pas totalement dite. En conclusion de son rapport sur « la situation et les perspectives des finances publiques » publié fin juin, elle appelle à des réformes clés dès 2023 « pour infléchir le rythme et améliorer la qualité de la dépense publique, notamment dans le champ social et sanitaire ».
Si l’année 2022 est passée par pertes et profits avec l’impossibilité de mener des nouvelles réformes dans le secteur de la santé, crise sanitaire récente et élection présidentielle oblige, en tout état de cause, ces dossiers devront être largement débattus lors de la prochaine campagne. La santé, pour une fois, ne sera plus la grande absente des grands débats. Les Français auront-ils pour autant leur mot à dire ? La démocratie, malade comme l’ont souligné les observateurs après les élections régionales, doit recourir à la médecine pour retrouver la santé.
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