LE QUOTIDIEN : Outre l’AMP et la fin de vie, beaucoup d’autres thèmes figurent au programme des États généraux. L’Église est-elle intervenue sur tous ces points ?
Mgr AUPETIT : Oui, à différents niveaux : au CCNE, au Conseil d’État, etc. On a édité par exemple sur Paris un petit livret à 110 000 exemplaires. On l’a fait simple et sérieux avec onze questions. Nous essayons de réveiller les consciences. On voit bien que les gens ne se rendent pas compte de la gravité des enjeux, même parmi les chrétiens. Nombreux sont ceux qui se disent encore : « Après tout, c’est le sens de l’histoire ». Or rien n’est inéluctable !
Dans une récente interview, vous faisiez de la robotisation et de l’intelligence artificielle – peu abordées dans ces États Généraux — des enjeux très importants…
Effectivement, si vous allez sur le site des États généraux, les gens ont beaucoup cliqué sur le début et la fin de vie, mais pas sur l’intelligence artificielle. Les méga-données posent la question de notre espace personnel d’intimité. Jusqu’à quel point est-on intrusif ? Il y a des règles à poser pour préserver le droit des personnes. Le robot, c’est très bien s’il reste un outil comme le stéthoscope ou pour faire de la chirurgie. Mais il faut que l’homme garde la main.
Peut-être ces questions intéressent-elles moins les gens car ils n’en voient pas les enjeux immédiats. Pourtant, en Europe, on a mis au point une commission pour savoir si on pouvait octroyer le statut de personne électronique au robot. Qu’est-ce que cela veut dire ? La qualification de personnes est une qualification juridique qu’on n’a pas reconnue à l’embryon humain, qui n’a toujours pas de statut personnel…
« L’homme augmenté », pour vous, est-ce encore un homme ?
Quand on met des valves cardiaques, on répare. Mais vouloir que l’homme soit plus performant, c’est dangereux, ne serait-ce que parce que l’on va séparer l’humanité en deux : les riches pourront payer, les pauvres non et on va créer un groupe de sous citoyens qui seront les nouveaux esclaves. On est en train de créer une société à deux vitesses, entre les pauvres et ceux qui pourront se payer ces moyens-là en pensant qu’ils peuvent vivre plus longtemps. Ce qui est faux ; on le sait depuis la découverte en 1973 de l’apoptose. Même si l’on arrive à retarder ce phénomène, il ne faut quand même pas s’illusionner sur le pouvoir que l’on aura sur la vie.
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