Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne (Marne) a ordonné le 20 avril une nouvelle expertise médicale de Vincent Lambert, et suspendu la décision d'arrêt des traitements prise par la CHU de Reims.
Cette décision répond au recours que les parents du jeune homme, hospitalisé depuis 2008, ont déposé le 17 avril, après que le Dr Vincent Sanchez, troisième médecin de Vincent Lambert, s'est prononcé en faveur d'un arrêt de l'hydratation et de la nutrition artificielles à l'issue de la quatrième procédure collégiale. La justice a en outre attesté de la régularité de cette procédure et rejeté la demande de transfert du patient dans un autre établissement.
L'état de santé a-t-il évolué depuis 2014 ?
Cette expertise qui doit être réalisée dans un délai d'un mois à partir de la formation d'un collège de trois médecins nommés par la justice, qualifiés soit en neurologie soit en médecine physique et de réadaptation, doit permettre au tribunal administratif de se prononcer sur la décision du Dr Vincent Sanchez. L'expertise doit notamment déterminer si le tableau clinique que présente le patient a évolué et le cas échéant, dans quel sens, depuis 2014, date de la dernière expertise commandée par le Conseil d'État.
À l'époque, les experts, le Pr Marie-Germaine Bousser, le Pr Jacques Luauté, et le Pr Lionel Naccache, estimaient que les résultats des explorations cérébrales structurales et fonctionnelles étaient « compatibles avec un état végétatif » ; que les lésions avaient un caractère irréversible ; et que le pronostic clinique était mauvais. Ils réfutaient la possibilité de parler d'un état de conscience minimale, comme l'avait suggérée une première évaluation réalisée au Coma Science Groupe du CHU de Liège.
Depuis, « des médecins ont fait le constat du caractère incurable des lésions, de l'altération de l'état de santé général et de la totale dépendance de Vincent Lambert », a rappelé lors de l'audience Me Pierre Desmarais, avocat du CHU de Reims.
Pourtant, les parents persistent à penser que leur fils, « handicapé », peut être rééduqué, communiquer, et déglutir. « Sa santé a évolué favorablement : on ne peut plus dire qu'il est en état végétatif comme le collège d'experts devant le Conseil d'État l'avait prétendu en 2014 », a déclaré leur conseil Me Jean Paillot.
Satisfaction des parents, attente de l'épouse
Les parents saluent la décision du tribunal de Châlons-en-Champagne. « Ce n'est pas une victoire définitive car tout dépendra de l'expertise, mais c'est une première et grande victoire », a réagi Me Paillot, saluant une mesure de prudence et y voyant un désaveu du Dr Sanchez. Sur la même ligne, le comité de soutien « des amis de Vincent » continue à se mobiliser en faveur du transfert du patient, assurant « que plusieurs établissements sont prêts à l'accueillir ».
« C'est une nouvelle non décision » de la part de la justice, considère le neveu de Vincent, François Lambert, tout en rappelant la toute confiance qu'il a dans le travail des précédents médecins. « Même si ce n'est pas ce qu'on attendait, on espère que c'est une décision de sagesse qui permettra d'écarter les arguments qui nous sont opposés tendant à dire que Vincent se porte mieux », a déclaré Me Sara Nourdin, avocate de l'épouse Rachel Lambert, tutrice légale, qui se bat, comme François Lambert, contre ce qu'ils considèrent comme de l'acharnement thérapeutique, à l'opposé de tout ce que le patient, ancien infirmier psychiatrique, aurait souhaité.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes