LE QUOTIDIEN DU MEDECIN : Comment le code de déontologie protège-t-il la confraternité ?
JEAN-MARIE FAROUDJA. La confraternité est citée dans l’article 56, qui précise que « les médecins doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité », et qu’un médecin « qui a un différend avec un confrère doit rechercher une conciliation ». C’est à mon sens l’un des articles les plus importants du code : s’il ne fallait en garder que quelques-uns, celui-ci en ferait partie.
Pourquoi ?
Nous n’exerçons pas un métier pas comme les autres. Voir deux médecins qui se crêpent le chignon en public, c’est un spectacle qui retentit sur l’image de la profession et qui a un impact sur les patients. Un autre article du code, l’article 31, interdit d’ailleurs de déconsidérer l’image de la profession. On peut avoir des raisons de ne pas être d’accord avec un confrère, et rien n’empêche dans ce cas de le contacter et de s’expliquer courtoisement. Il est toujours préférable de discuter autour d’un café. Si on n’y arrive pas, on doit requérir la médiation du Conseil départemental de l’Ordre.
Où est la limite ? Il peut y avoir des cas où un confrère est dangereux, par exemple…
Dans ce cas, il faut prendre attache auprès du président du Conseil départemental pour lui rapporter ses inquiétudes. C’est à ce dernier, le cas échéant, d’interpeller l’ARS (Agence régionale de santé, ndlr) qui a le pouvoir de suspendre immédiatement un médecin jugé dangereux. C’est une attitude qui est préférable, car il faut toujours apprécier la conduite d’un confrère dans son ensemble, et ne pas jeter le discrédit sur lui quand on ne connaît pas tout de l’affaire, du dossier, du patient dont il est question.
Quel est le volume du contentieux pour non-confraternité devant le Conseil de l’Ordre chaque année ?
Nous n’avons les chiffres que pour les affaires qui arrivent à chambre nationale, c’est-à-dire ceux qui ont été frappés d’appel. En 2015, il y a eu 125 affaires, dont 65 pour lesquelles aucune suite n’a été donnée. Les autres ont donné lieu à un avertissement, un blâme ou une interdiction d’exercer avec ou sans sursis. Bien sûr, il y a eu davantage de cas au niveau régional, mais cela reste infinitésimal si l’on considère les 220 000 médecins inscrits au tableau et la quantité de rapports quotidiens qu’ils entretiennent entre eux.
Pensez-vous que les polémiques récentes traduisent une crise de cette notion de confraternité ?
Comme toujours, quelques faits isolés sont montés en épingle et on en fait un casus belli. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas utile de rappeler de temps en temps les règles déontologiques concernant la confraternité. Comme le disait le Pr Raymond Villey, ancien président du Cnom : « Plaignons les médecins qui se font la guerre entre eux ; plaignons plus encore leurs malades. »
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