Épidémie de rougeole en Italie : près de 4 500 cas dont 3 décès chez des non-vaccinés en 2017

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Publié le 18/09/2017
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Crédit photo : PHANIE

La cause principale de l'épidémie de rougeole qui sévit actuellement en Italie est « la part grandissante au fil du temps d'individus susceptibles à la rougeole dans la population du fait d'une baisse continue de la couverture vaccinale ».

La conclusion de A. Filia, A. Bella et coll., dans le bulletin hebdomadaire « Eurosurveillance », est sans appel : les différents plans mis en œuvre pour répondre à l'objectif de 95 % de couverture vaccinale ont échoué. Même si la couverture pour la première dose s'est améliorée après le premier plan d'élimination de la rougeole (2003) pour atteindre 90 % en 2010, « la cible des 95 % n'a jamais été atteinte », notent les auteurs. Pire, après avoir stagné autour de 90 %, cette couverture n'a cessé de décroître pour atteindre 85,3 % en 2015, avec comme corollaire l'augmentation, parmi les moins de 4 ans, d'enfants non immunisés susceptibles à l'infection.

Près de 7 % des cas chez des soignants

Or, c'est précisément le groupe d'âge où l'incidence de la rougeole est la plus élevée au cours de l'épidémie actuelle.

Le bilan publié dans « Eurosurveillance » fait état de 4 400 cas au cours des 8 premiers mois de 2017. Plus de 76 % de ces cas ont été confirmés (3 417). Presque la totalité des régions italiennes sont concernées (20 sur 21).

Dans 93,4 % des cas, le statut vaccinal était documenté : 88,3 % d'entre eux (n = 3 691) n'avaient pas été vaccinés ; 6,5 % n'avaient reçu qu'une seule dose. À noter que 1,6 % (n = 69) des personnes infectées étaient complètement vaccinées.

Les contaminations étaient le plus souvent intrafamiliales (64,1 %). Toutefois, une infection nosocomiale est retrouvée dans 22,3 % des cas, et l'école représentait 10 % de ces contaminations. Près de 7 % des cas concernaient des soignants soit 296 personnes dont 239 n'étaient pas vaccinées.

3 décès et 2 encéphalites

Concernant la gravité, 3 décès dans un tableau de détresse respiratoire sont survenus chez des enfants de 16 mois, 6 et 9 ans, tous les 3 étant des cas confirmés et non vaccinés. L'un d'entre eux n'avait pas été vacciné, du fait d'une déficience immunitaire (chimiothérapie). Deux cas d'encéphalite ont été rapportés chez un adulte de 37 ans et chez un enfant de 1 an. Des rougeoles compliquées ont été rapportées dans 35 % des cas (diarrhées, stomatite, kératoconjonctivite, hépatite, atteinte pulmonaire ou respiratoire…), le plus souvent chez les plus de 20 ans.

La gravité de l'épidémie en cours a conduit les autorités italiennes à prendre des mesures radicales : l'extension de l'obligation vaccinale à 10 vaccins, obligation conditionnant l'inscription à l'école. Les parents récalcitrants vont être convoqués et devront expliquer aux autorités les raisons qui motivent leur refus de la vaccination. S'ils persistent dans leur refus, une sanction financière sera prise.

L'Italie est l'un des 14 pays de la région Europe de l'OMS où la rougeole reste endémique. Des pays comme la Roumanie (7 000 dont 31 décès entre janvier 2016 et juin 2017) ou la France (189 cas déclarés entre le 1er janvier et 30 avril 2017 ; 1 jeune fille non vaccinée est décédée au mois de juillet en PACA). Les autorités françaises veulent instaurer dès 2018 un élargissement de l'obligation vaccinale pour 11 vaccins.


Source : lequotidiendumedecin.fr
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