Dix ans après le début de l'affaire, quelles leçons tirer du Mediator dont le procès a démarré cet automne ? Pour Nicolas Bouzou, l'affaire a renforcé l'incompréhension entre les laboratoires et le public : «les liens entre l’industrie pharmaceutique et l’opinion publique sont tabous dans tous les pays développés pour des raisons liées aux prix. En France, c’est encore plus distendu en raison de d’un anticapitalisme répandu. Et l’affaire Mediator a renforcé le problème.» Pierre-André Juven estime quant à lui qu'une question essentielle posée avec le Mediator est avant tout celle des liens d’intérêt. «Ce que montre les sociologues Boris Hauray et Henri Boullier c’est que beaucoup de choses se jouent autour de l’ambiguïté entre conflit d’intérêt et lien d’intérêt. La déclaration des liens d’intérêt viendrait résoudre comme par enchantement la question des conflits d’intérêt, or ce n’est absolument pas le cas. Et surtout, il y a cette idée selon laquelle "un expert sans lien d’intérêt est un expert sans intérêt". Là encore Hauray et Boullier montrent que c’est un discours situé, des industriels et de certains médecins, précisément pour éviter une expertise concurrente.»
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