Contrairement à la plupart des autres IHU qui se sont appuyés sur une structure existante, l’IHU Liryc (L’Institut de RYthmologie et modélisation Cardiaque) de Bordeaux est né de la volonté et du talent d’une dizaine de cliniciens travaillant sur les dysfonctionnements électriques du cœur.
Cette équipe, réunie autour du Pr Michel Haïsaguerre, avait déjà à son actif deux découvertes majeures (1) et la mise au point de nouvelles stratégies thérapeutiques (2) dont bénéficient des centaines de milliers de patients dans le monde, et qui ont valu au CHU de Bordeaux une aura internationale.
Opérationnel depuis 2011, l’IHU de Bordeaux poursuit le travail de ses pionniers. Dirigé par Michel Haïssaguerre, il est missionné pour travailler sur trois thèmes : fibrillation auriculaire, fibrillation ventriculaire et insuffisance cardiaque.
Un environnement de qualité
Il regroupe 130 personnes dont une centaine de chercheurs et cliniciens de 15 nationalités, issus de cinq partenaires (Université de Bordeaux, CHU, INRIA, CNRS, INSERM), auxquels s’associent une dizaine d’industriels. L’IHU Liryc bénéficie aussi d’une équipe administrative dédiée et, depuis 2015, d’un bâtiment de 7 500 m².
« C’est un environnement de qualité qui a peu d’équivalents en France, souligne Rémi Dubois, directeur de l’innovation de l’IHU Liryc. La proximité entre chercheurs et cliniciens permet d’amener plus rapidement les acquis de la recherche la plus fondamentale jusqu’au lit du patient. »
Le financement de l’IHU repose sur la dotation de l’agence nationale de la recherche (45 millions d'euros sur 10 ans), des aides de la Région, des bourses de recherche et des financements privés issus d’accords de collaboration ou de prestation de service avec des industriels.
Dans ces excellentes conditions, la recherche file bon train et dans de multiples directions : étude des mécanismes de déclenchement de la fibrillation, des zones ryhtmogènes du cœur, travail sur la torsade de pointe (arythmie grave), développement de nouveaux outils d’investigation, de diagnostic (électrocardiogramme du futur) et de compréhension de l’activité électrique cardiaque : imagerie 3D à haute résolution, calculateurs, modélisation (cœurs virtuels)…
Une valorisation rapide et multiforme
Plusieurs projets ont déjà franchi le stade de la valorisation :
- par la création de start-ups (imagerie cardiaque, nouvelles molécules thérapeutiques),
- par la cession de brevet ou licence : les travaux sur l’électrocardiogramme du futur (en 3D) vont faire l’objet d’un transfert de technologie auprès de groupe américain Medtronic ; une nouvelle cabine de radioprotection, conçue à l’IHU, va être commercialisée par Lemer-Pax…,
- par les publications qui renforcent la notoriété de l’IHU et sa capacité à décrocher bourses nationales et internationales (3).
Enfin, l’IHU Liryc accueille chaque année 150 chercheurs et praticiens du monde entier pour des formations de longue durée ou des sessions plus ciblées (gestes d’ablation, pose pacemaker). Elle propose aussi son expertise sous forme de conférences, life case et même via un logiciel pédagogique destiné aux collèges et lycées.
Véritable machine à innover, l’IHU Liryc conforte sa place de pôle d’excellence mondial en électrophysiologie cardiaque. « Il faut dire que nous sommes dans un domaine plutôt facile à valoriser », reconnaît Rémi Dubois. En effet, les pathologies planétaires concernées offrent aux découvertes de l’IHU, les opportunités d’un solide marché.
1) En 98, découverte de l’origine de la fibrillation auriculaire (veines pulmonaires) ; en 2002, découverte de l’origine de la fibrillation ventriculaire (fibres de Purkinje).
Cautérisation par cathéter de radiofréquence, thermoablation.
3) L’IHU Liryc a récemment obtenu la coordination européenne d’un réseau transatlantique dédié à l’étude de la mort subite et financé par la Fondation Leducq à hauteur de 66 millionsde dollars.
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