« La France perd un grand chimiste et un modèle pour beaucoup de chercheurs. » C’est ainsi que l’Élysée a salué la mémoire d’Yves Chauvin Prix Nobel de chimie en 2005 pour ses travaux sur la métathèse qui ouvraient, selon l’Académie royale des sciences de Suède « des possibilités fantastiques pour, entre autres, la fabrication de médicaments ». Le prix avait été attribué conjointement aux Américains Robert H. Grubbs et Richard R. Schrock.
Né le 10 octobre 1930 à Menin (Belgique) de parents français, Yves Chauvin intègre l’école supérieure de chimie industrielle de Lyon (1951-1954) et devient ingénieur de recherche à la Société Progil (produits chimiques Gillet) devenue Rhône-Poulenc, puis Rhodia (1958 à 1960) avant d’entrer à l’Institut français du pétrole (IFP) à Rueil-Malmaison (1960-1995). Entré comme ingénieur de recherche à l’IFP, il y devient directeur de recherche et responsable du laboratoire de catalyse moléculaire.
École française de réputation mondiale
« Il a marqué la communauté scientifique par sa curiosité scientifique et son ouverture d’esprit », illustrant tout au long de sa carrière « les apports croisés entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée », a souligné l’Élysée. Ses travaux « ont incontestablement permis l’émergence d’une école française de la catalyse homogène de réputation mondiale », ont indiqué la ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem et la secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, dans un communiqué commun. Ses recherches ont « ouvert un champ d’applications très important, révolutionnant des procédés industriels utilisés dans le monde entier et conduisant à plus d’une centaine de brevets », ont-elles précisé.
Économe en énergie et peu polluante, la métathèse est une réaction chimique qui permet de modifier les hydrocarbures, aujourd’hui couramment utilisée dans toute l’industrie chimique, de la pétrochimie à la pharmacie jusqu’aux cosmétiques. C’est en 1971 qu’Yves Chauvin, aidé d’un de ses étudiants, Jean-Louis Herrison, avait réussi à expliquer en détail le mécanisme des réactions métathèses, ce qui a représenté, selon l’académie, « un grand pas en avant puisqu’il montrait comment fonctionne le catalyseur ».
Membre de l’Académie des sciences
D’un naturel très discret, Yves Chauvin goûtait à une retraite paisible à Tours quand on lui a annoncé qu’il allait succéder à des chercheurs prestigieux comme Henri Moissan (1906), Marie Curie (1911) ou Frédéric Joliot et Irène Joliot-Curie (1935). À qui voulait l’entendre, il assurait ne pas comprendre pourquoi on lui attribuait un prix pour des travaux qui dataient du début des années 1970, avant de finalement accepter de se rendre à Stockholm pour recevoir sa récompense.
De retour en France, sa soudaine célébrité lui vaut notamment de devenir membre de l’Académie des Sciences, alors qu’il n’en était jusque-là que correspondant. « Cela me convenait bien pourtant », indiquait-il alors, humblement. Yves chauvin est décédé ce mercredi 28 janvier à l’âge de 84 ans.
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