Le prix 2013 de la Fondation Allianz - Institut de France a couronné les travaux d’Edith Heard sur le rôle de l’épigénétique dans les cancers, tandis que le prix ADPS de recherche sur la prévention du vieillissement est revenu à Vera Gorbunova.
Pour la première fois depuis sa création il y a 30 ans, le prix de la Recherche de la Fondation Allianz associée à l’Institut de France est revenu à une femme, Edith Heard, directrice de recherche à l’unité de génétique et de biologie du développement à l’Institut Curie et professeur au Collège de France.
Il récompense l’ensemble de ses travaux sur l’inactivation du chromosome X chez les femelles de mammifères au cours de l’embryogenèse qui ouvre la voie à une meilleure compréhension du rôle de l’épigénétique dans le développement des cancers.
Epimutations et cancers
Dans chaque cellule de mammifère femelle, presque tous les gènes présents sur l’un des deux chromosomes X sont réprimés très tôt au cours du développement de l’embryon pour établir une sorte de parité « à rebours » vis-à-vis des mâles qui ne sont porteurs que d’un seul chromosome X. Ce processus assure la compensation de dose entre les sexes puisque le chromosome Y présent chez les mâles n’est porteur que d’une centaine de gènes contre environ 1 300 pour le X.
L’équipe du professeur Heard a démontré que la présence de deux chromosomes X lors du développement embryonnaire bloque la différenciation des cellules et aboutit à une mort prématurée de l’embryon. Cette mise en évidence d’un processus d’inactivation aléatoire de l’un des deux X pourrait ainsi permettre de mieux comprendre les dérégulations épigénétiques impliquées dans la survenue des cancers. Une piste d’autant plus sérieuse que leur étude de l’état inactif du chromosome X a révélé que plusieurs gènes de ce dernier étaient réactivés de manière aberrante dans certaines tumeurs du sein.
Une résistance exceptionnelle aux cancers et au vieillissement
Autre lauréate, le professeur de biologie à l’Université de Rochester (Etats-Unis), Vera Gorbunova, s’est quant à elle vu attribuer le prix ADP de recherche sur la prévention du vieillissement pour ses travaux sur un étrange animal : le rat-taupe nu. Issu de la corne de l’Afrique, ce petit rongeur tout rose et quasi aveugle présente des caractéristiques remarquables qui fascinent les chercheurs penchés sur la biologie des cancers et du vieillissement.
Le rat-taupe nu bénéficie d’une longévité dix fois supérieure à celle de la souris, soit une espérance de vie de 30 ans contre 4 au maximum pour sa « cousine ». Mais le plus incroyable est qu’il ne développera, toute sa vie durant, aucune pathologie cardiovasculaire et aucun cancer. C’est en cherchant à « tirer des enseignements de ce modèle animal qui présente une longévité en bonne santé exceptionnelle » que l’équipe du Pr Gorbunova a réussi à mettre en évidence une explication moléculaire à cette capacité de résistance aux tumeurs.
Alors qu’on observe chez les souris une confluence des cellules des tissus entre elles, l’espace intercellulaire est beaucoup plus important chez le rat-taupe nu et rempli d’un acide hyaluronique de très haut poids moléculaire. Cinq fois plus grande que son équivalent chez l’homme ou la souris, cette molécule rend la peau du rongeur particulièrement élastique, mais le dote également d’une résistance unique aux cancers en bloquant les divisions cellulaires incontrôlées.
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