Vols paraboliques : 40 non-scientifiques embarquent pour une découverte de l’apesanteur

Publié le 15/03/2013
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Crédit photo : AFP

Plus besoin de décrocher la lune pour vivre en apesanteur. Ce vendredi 15 mars, une quarantaine de personnes (dont 30 touristes et 5 étudiants lauréats d’un concours) embarqueront à bord de l’airbus A300 Zéro-G, propriété de la société Novespace (filiale du Centre national d’études spatiales-CNES), pour découvrir l’état d’apesanteur. Une première pour des non-scientifiques alors que les vols paraboliques sont pratiqués depuis plus de 60 ans.

Pendant 2 heures, l’avion, qui part de Bordeaux-Mérignac, effectuera une trentaine de paraboles entre 6 000 et 8 000 mètres d’altitude. Les passagers ressentiront la sensation d’apesanteur pendant 22 secondes à 15 reprises, soit 5 minutes cumulées. Chaque phase d’impesanteur est précédée et suivie d’une phase d’hypergravité de 20 secondes, où le corps pèse près de 2 fois son poids. Pour tout comprendre en image : 

Quels effets pour l’organisme ?

Le passager doit être majeur, en bonne condition physique et présenter un certificat d’aptitude médicale datant de moins d’un an. L’examen est identique à celui exigé pour une pratique sportive (absence de contre-indications) mais il implique un électrocardiogramme et pour les plus de 65 ans, un électrocardiogramme d’effort. Le certificat peut être délivré par un médecin aéronautique agréé ou, parce qu’il n’y a pas de normes médico-légales d’aptitude physique et mentale, par le médecin traitant, qui peut prendre modèle sur ce document.

« Il n’y a quasiment pas de conséquences physiques sur l’organisme pour ces courtes durées », rassure Frank Lehot, médecin généraliste, instructeur pour ces vols paraboliques ouverts au public et auteur du livre « Voler en apesanteur »*. « Les systèmes osseux et immunitaires ne sont pas impactés. Il peut y avoir une légère modification du débit cardiaque, un peu de tachycardie, des perturbations du fonctionnement de l’oreille interne, et une légère diminution du diamètre interne du mollet, car le sang remonte dans la partie supérieure du corps. Mais les passagers ne s’en apercevront pas », précise-t-il.

Rien de comparable donc avec l’expérience d’un astronaute, soumis à une longue préparation et tenu à des exercices sportifs en vol. « À long terme, l’apesanteur provoque une décalcification du squelette qui se fragilise. C’est pour cela qu’il faut marcher. Le système immunitaire peut aussi être défaillant », précise le Dr Lehot, tout en soulignant que ces effets sont bien renseignés et connus.

Au-delà de leurs explications, les 4 instructeurs médecins veillant sur les 4 groupes de 10 personnes auront surtout pour mission de prévenir les chutes ou les mauvaises positions.

Participation à l’effort de recherche

Chaque passager devra s’acquitter de la somme de 5 980 euros pour la journée, une contribution au remplacement de l’A300 Zéro-G (qui a dépassé les 100 000 paraboles) mais aussi aux travaux scientifiques. « Ce n’est pas juste une expérience ludique, c’est aussi une façon de participer à l’effort de recherche », estime le Dr Lehot.

Jean-François Clervoy, astronaute et président de Novespace, compare aussi cette expérience des vols paraboliques à une « journée porte ouverte d’un laboratoire de recherches » et non à un « parc d’attraction pour touristes ».

Parallèlement aux vols scientifiques organisés depuis plusieurs années par le CNES, deux autres campagnes ouvertes au public auront lieu en 2013. Fin mars, Frank Lehot veillera sur une expérience... artistique. « Le milieu de l’apesanteur est un environnement nouveau que peuvent désormais explorer les artistes, les poètes et les philosophes. L’apesanteur ne déçoit personne », témoigne le Dr Lehot, qui a déjà participé à des vols publics aux États-Unis.

*Vuibert, 2012, 240 pages.

 COLINE GARRÉ

Source : lequotidiendumedecin.fr