SFD 2022

Ces nouvelles thérapies anti-cancéreuses diabétogènes

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Publié le 25/04/2022
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Thérapies ciblées, immunothérapies… En quelques années, les thérapeutiques anticancéreuses se sont multipliées. Avec, à la clé, « un nombre croissant de patients exposés à leurs conséquences métaboliques (trouble du métabolisme glycémique, diabète, acidocétoses, hypoglycémies) », souligne le Pr André Scheen (CHU de Liège, Belgique). Mais toutes ces molécules ne se valent pas en matière de risque métabolique.

Les thérapies ciblées, et notamment les inhibiteurs de la tyrosine kinase ou des mTOR, sont à l’origine de fréquentes hyperglycémies, « de survenue rapide après l’instauration du traitement en général, précise André Scheen, mais légères, réversibles et contrôlables par des mesures hygiénodiététiques et la metformine ». Par exemple, la dysglycémie sous inhibiteurs de la tyrosine kinase est fréquente (15-41 % des cas selon les études), avec moins de 5 % d’hyperglycémies sévères (glycémie à jeun > 2,50-5,00 g/L) et aucune acidocétose. Les données sur les inhibiteurs de mTOR vont globalement dans le même sens.

Immunothérapie, des effets rares mais sévères

A contrario, les effets diabétogènes des immunothérapies, à l’instar des inhibiteurs de checkpoint immunitaires, sont aussi sévères qu’ils sont rares. Les anticorps monoclonaux anti-­CTLA-4 (ipilimumab) et anti-PDL-1 (atezolizumab, avelumab, durvalumab)/anti-­PD-1 (pembrolizumab, nivolumab) font courir le risque de fortes hyperglycémies chez moins de 5 % des patients (0,2-4,9 % selon les études). Mais, « lorsque celles-ci apparaissent, elles peuvent s’avérer extrêmement sévères, avertit André Scheen, avec environ 80 % d’acidocétoses ». Elles surviennent généralement sans signe annonciateur, parfois dans les jours suivant l’initiation du traitement, mais le plus souvent après quelques semaines, voire quelques mois (jusqu’à un an).

La physiopathologie se rapproche de celle observée dans le diabète de type 1, de nature auto-immune, les hyperglycémies s’expliquant probablement par la destruction des cellules bêta des îlots de Langerhans.

La conduite à tenir, codifiée début 2022, consiste, dès la mise sous inhibiteurs de checkpoint, à procéder à des glycémies (à jeun si possible), toutes les semaines ou de façon bimensuelle au début du traitement puis de manière plus espacée.


Source : Le Généraliste