Surveillance biologique des expositions à des agents chimiques

Des recommandations de bonne pratique

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Publié le 20/06/2016
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« Ces recommandations répondent à un besoin, car les médecins du travail n'ont pas tous reçu de formation dans ce sens, alors qu’il leur incombe de faire cette surveillance », souligne la Dr Catherine Nisse, qui a coordonné le groupe de travail avec le Dr Robert Garnier (hôpital Fernand Widal). Elles ont été élaborées selon la méthodologie des recommandations pour la pratique clinique de la HAS, à l’initiative de la Société française de médecine du travail, en partenariat avec la Société de toxicologie clinique et la Société française de toxicologie analytique. Le groupe de travail incluant de plus, des médecins du travail et des experts de l’ANSES, de l’INRS et de l’InVS. Les commentaires de plus de 70 relecteurs ont été pris en compte.

La Surveillance biologique des expositions professionnelles à des agents chimiques (SBEP) consiste en la mesure des substances chimiques dans les liquides biologiques ou l'air expiré pour évaluer l'exposition à des toxiques de l’environnement professionnel.

Elle vise plusieurs objectifs. L’évaluation de l'exposition et des risques pour la santé de chacun des travailleurs exposés. L’identification des groupes à risque par rapport à un poste de travail. L’évaluation de l'efficacité des mesures de prévention mises en place, qu'elles soient individuelles ou collectives. Enfin, elle permet de disposer de la traçabilité des expositions professionnelles à l'échelon individuel et collectif.

« Les recommandations donnent un cadre général, une stratégie de réalisation. Elles constituent un guide de mise en place de la SBEP », poursuit la Dr Nisse. Elles ont été rédigées en répondant à 11 questions : définition, indications et non indications de la SBEP, articulation de la SBEP avec les mesures d'exposition externe, définition des caractéristiques d'un bon indicateur biologique d'exposition, stratégie de mise en oeuvre, règles pour effectuer le prélèvement et le transport, critères de choix du laboratoire d'analyse, éléments pour interpréter les résultats, mode de restitution des résultats à l’échelon individuel et collectif, modalités de conservation des résultats et du partage de l'exploitation (base de données).

« L'organisation de la SBEP est sous la responsabilité du médecin du travail, qui est le prescripteur, le responsable du choix du laboratoire d'analyse, et qui interprète et rend les résultats », rappelle la Dr Catherine Nisse. Mais il est important d'associer les membres de l'équipe pluridisciplinaire, notamment les infirmiers. Il faut donc une formation non seulement du médecin du travail, mais aussi de toute l’équipe.

La SBEP fait partie de l'évaluation des risques : repérage, analyse et rédaction d'un plan de prélèvement (pour avoir une trace écrite) : substrat, indicateur biologique, à quel moment, à quelle périodicité… Le rôle des différents acteurs doit être noté.

Lors de l'interprétation, le médecin du travail doit vérifier la qualité des conditions de prélèvement et de transport et se référer à des valeurs limites d’interprétation adéquates, ainsi qu’aux résultats globaux de groupe d’exposition homogène.

Les résultats doivent être rendus et expliqués individuellement et collectivement de façon anonymisée à l'employeur, au Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), et aux représentants du personnel afin de progresser en matière de prévention.

Le texte court de ces recommandations sera distribué aux congressistes et sera accessible en ligne sur le site de la SFMT après le congrès.

D'après un entretien avec la Dr Catherine Nisse, co-coordinatrice du groupe de travail, CHRU, Lille

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9506