Une mission de service public

Publié le 20/06/2016
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Concernant la prévention des risques professionnels, la mission de la médecine du travail est de repérer, évaluer et supprimer les risques lorsque c’est possible ou nécessaire : supprimer un produit cancérogène ou une manutention pouvant affecter la physiologie du corps humain. Il s’agit aussi de mettre en place une prévention collective, en aspirant et traitant les fumées ou vapeurs nocives à leur source, traiter la manutention manuelle de charge en la mécanisant ou l’organisation du travail pour prévenir la survenue des risques psychosociaux. Il s’agit finalement de rendre le milieu du travail « accessible », dans tous les sens du terme, c’est-à-dire y compris pour une personne vieillissante et/ou porteuse d’une maladie invalidante : en adaptant matériellement les postes au plus grand nombre et en contribuant à mettre en œuvre ou favoriser la formation professionnelle ou la validation d’acquis (VAE), nécessaire pour ne pas perdre pied ou se reconvertir.

Prévention des risques professionnels

Cette prévention primaire protège la santé du salarié et permet de le maintenir en emploi malgré ses difficultés, ses handicaps éventuels, ou son âge. Il s’agit aussi de contribuer à rendre le milieu du travail « capacitant » : le patient va pouvoir en plus y développer sa santé et son épanouissement. La rencontre systématique de tous les salariés dans le cadre protégé de consultations médicales, associée à l’étude des lieux du travail avec une équipe interdisciplinaire, permet d’avoir une représentation au plus près du réel du travail, et d’agir afin d’améliorer les conditions de travail, dans le cadre du travail avec les partenaires sociaux réunis en comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Accompagnement du patient salarié en difficulté de santé

Au-delà de cette mission de prévention primaire, l’autre mission de santé publique de la médecine du travail est de repérer le patient qui décroche – ce que permettent l’organisation des consultations régulières annuelles ou bisannuelles et le travail en réseau avec les médecins de premier recours. Enfin, concernant l’accompagnement du patient lorsque survient une pathologie, inhérente au travail ou non, le médecin du travail en lien étroit avec la médecine de soins et donc les médecins généralistes, avec son équipe interdisciplinaire (ergonome, psychologue, assistant social, etc.) va organiser le maintien dans l’emploi grâce à un travail en réseau (COMETE, UEROS, associations liées à telle ou telle pathologie comme l’épilepsie, la SEP, la malvoyance ou la malentendance…) très bien maillé au niveau national et associant les acteurs tels les MDPH, les SAMETH, les dispositifs de sécurité sociale, et les outils financiers très puissants pour aider l’entreprise « citoyenne » dans cette finalité (AGEFIPH, FIPHFP, PCH…).

S’il y a de nombreux obstacles à cette mission (dématérialisation et dépersonnification des organismes de sécurité sociale ou mutuelles), avec parfois des outils sous-performants, tels ceux des fonctions publiques, en revanche les actuels rapprochements entre la médecine du travail et de soins (SROS 2012 de l’ARS IDF) sont efficaces et facilitants dans le champ du maintien dans l’emploi.

Dr Jean-Michel Domergue

Médecin du travail GIMAC Alfortville et secrétaire général du congrès

 


Source : Le Quotidien du médecin: 9506