Photosensibilité, eczémas de contact

Focus sur les atteintes dermatologiques

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Publié le 22/05/2018
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Crédit photo : PHANIE

Les différences de photosensibilité induite par le même médicament d’un patient à un autre restent mal expliquées. Est-ce lié à une réduction de l’activité de détoxification contre les ROS (dérivés réactifs de l’oxygène) chez certains sujets ? Quel peut être le rôle des kératinocytes et de la mélanine ? Des données physiopathologiques récentes montrent que les kératinocytes ont un système de protection antioxydation riche, mais que certains facteurs peuvent augmenter le risque de photosensibilité. C’est le cas des taux bas de vitamine D3, du diabète ou encore du stress.

De même, des travaux publiés il y a quelques mois rapportent une plus grande fréquence de la phototoxicité médicamenteuse chez les sujets à peau blanche, comparativement aux sujets afro-américains (15 % vs 0,7 %). La mélanine est classiquement reconnue comme piégeuse de ROS, mais elle aurait en fait des propriétés à la fois anti- et pro-oxydantes.

Quant aux nouveaux médicaments pouvant entraîner une phototoxicité, plusieurs cas ont été rapportés avec la pirfénidone, molécule antifibrosante utilisée dans la fibrose pulmonaire idiopathique. Sa phototoxicité avait été remarquée dès le développement clinique. Elle se manifeste par une éruption prurigineuse desquamative, limitée aux zones exposées mais s’aggravant malgré l’arrêt de l’exposition. Elle survient après un délai relativement long, de deux à six mois de traitement, et peut laisser des séquelles dépigmentées.

Baskets, ongles, capteurs de glycémie…

Au rang des nouveaux allergènes, l’acétophénone azine et le diméthylthiocarbamylbenzothiazole sulfide (DMTBS). Le premier apparaît au cours de la polymérisation de la mousse utilisée par exemple dans des protège-tibias, mais aussi dans des baskets ou des tongs ; le second, nouvel allergène du caoutchouc formé lors des procédés de vulcanisation, a été à l’origine de plusieurs cas d’allergie de contact en Belgique, via des chaussures en toile.

Plusieurs cas d’eczéma de contact aux capteurs de glycémie connectés ont également été rapportés, dus à des acrylates comme ceux utilisés pour les ongles artificiels. « Une enquête de l’Anses est en cours, et il est important de déclarer les cas », a souligné la Dr Martine Avenel-Audran (Angers). Le traitement se fonde sur les dermocorticoïdes et bien sûr l’arrêt de l’utilisation du capteur, ce qui constitue un réel handicap pour les patients.

Communication de la Dr Martine Avenel-Audran (Angers)

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9666