Infectiologie : trop de prescriptions « par précaution » ?

Publié le 27/11/2020
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Si globalement les consommations d’antibiotiques reculent en ville, les résidents d’Ehpad restent à la fois les plus grands consommateurs d’antibiotiques (avec 37 doses pour 1 000 journées d’hébergement en 2019, contre 23 en population générale) et les plus touchés par l’antibio­résistance (en 2019, les résistances aux C3G et aux fluoroquinolones restent respectivement supérieures de plus de 5 et 10 points en Ehpad par rapport au domicile). Malgré une évolution récente plutôt favorable, ce constat suggère une surutilisation des anti­biotiques dans ces établissements, prescrits trop systématiquement « par précaution », estime le Pr Gaëtan Gavazzi, infectiologue et professeur de gériatrie (Grenoble), faute de ressources matérielles et humaines suffisantes. Si, à l’hôpital, il semble possible d’éviter une antibio­thérapie grâce à la surveillance continue des patients, « les Ehpad, eux, ne disposent pas des moyens nécessaires pour effectuer l’évaluation, le diagnostic et la réévaluation qui permettraient de réduire les prescriptions ».

La vaccination perfectible Pour les mêmes raisons, les mesures de prévention des maladies infectieuses peinent à s’imposer dans ces établissements, « où il est difficile, même en dehors de toute phase épidémique, de mettre en place des mesures barrières efficaces ».
Par ailleurs, la vaccination en Ehpad, et plus globalement en population gériatrique, est perfectible, même si pour certains vaccins, les sujets âgés « présentent plutôt une meilleure couverture vaccinale que les autres populations à risque », nuance le Pr Gavazzi. Pour les plus de 65 ans, les recommandations concernent huit valences (tétanos, diphtérie, poliomyélite, grippe saisonnière, zona, infections invasives à pneumocoque, coqueluche et hépatite A) et s’adressent, selon les cas, à toute la population des seniors ou à certaines situations particulières. Les couvertures vaccinales restent insuffisantes, fluctuant selon les données disponibles de 52 % pour la grippe en 2019-2020 à moins de 10 % pour le zona.

Irène Lacamp

Source : Le Généraliste