Insuffisance cardiaque : des symptômes banals mis sur le compte de l’âge

Publié le 27/11/2020
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« Ce n’est rien, c’est l’âge ! » Face à certains symptômes banals, l’écueil peut être, chez le sujet âgé, de les attribuer un peu trop rapidement au nombre des années.

L’insuffisance cardiaque en est un bon exemple, les signes évocateurs – fatigue et essoufflement – étant peu spécifiques, a fortiori chez la personne âgée. « Ces symptômes peuvent être sous-estimés par le médecin mais également par les patients eux-mêmes, qui les mettent sur le compte du grand âge, confirme le Pr Damien Logeart, service de cardiologie (hôpital Lariboisière, AP-HP, Paris). Quelques éléments peuvent néanmoins alerter : le terrain du patient (antécédents d’infarctus ou de pathologie valvulaire), l’apparition assez soudaine des symptômes, la présence d’une orthopnée, d’une toux nocturne, d’une dyspnée sifflante et la présence de signes cliniques classiques (œdèmes, etc.). » Au moindre doute, un ECG et le dosage des biomarqueurs (BNP, pro-BNP) doivent être réalisés, suivis le cas échéant d’une échographie cardiaque.

Conséquences thérapeutiques L’âgisme peut également avoir des conséquences thérapeutiques dans l’insuffisance cardiaque avec, d’une part, certains médicaments considérés comme moins utiles passé un certain âge, et d’autre part, des a priori négatifs sur la tolérance médicamenteuse, avec parfois un sous-dosage injustifié constaté chez les plus âgés. « S’il est exact que l’âge peut être impliqué dans l’apparition d’effets secondaires, avec une potentielle iatrogénie médicamenteuse, reconnaît Damien Logeart, dont une hypotension orthostatique, une hyperkaliémie ou une insuffisance rénale nécessitant une surveillance rapprochée, il faut rappeler que le bénéfice des thérapeutiques n’est pas uniquement de réduire la mortalité mais de maintenir ou d’améliorer la qualité de vie, un point important y compris à un âge avancé. Les objectifs thérapeutiques à 85 et à 50 ans ne sont pas forcément identiques et il faut peut-être davantage se concentrer sur la qualité de vie et le confort à des âges avancés. » Particulièrement dans l’insuffisance cardiaque, la prise en charge, transversale et holistique, doit être coordonnée entre généraliste, cardiologue et gériatre, chez des patients souvent polymédiqués ; avec plusieurs médicaments prescrits pour l’IC, auxquels s’ajoute le traitement de comorbidités éventuelles.

Hélène Joubert

Source : Le Généraliste