Améliorer les soins précoces

La télésurveillance des insuffisants cardiaques pose ses jalons

Publié le 08/11/2012
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Deux affections cardiaques, la fibrillation atriale et l’insuffisance cardiaque, connaissent actuellement une croissance exponentielle.Tout l’enjeu aujourd’hui est de développer des méthodes permettant de mieux suivre les patients à domicile pour prévenir les hospitalisations, ce qui implique de travailler sur les deux volets que sont l’éducation thérapeutique et les soins précoces.

Les expériences de télésuivi ou télésurveillance menées jusqu’ici, en France comme dans d’autres pays, ont donné des résultats tantôt négatifs, tantôt positifs (méta-analyse non informative). Elles ont montré la diversité des difficultés rencontrées et souligné l’importance cruciale de la sélection des patients et de la pertinence des moyens utilisés. Quels sont ceux les plus susceptibles de bénéficier d’un télésuivi ? Quelles techniques mettre en place ? Quels paramètres mesurer (poids, pression artérielle, prise des médicaments, données cliniques comme la dyspnée ou biologique comme le taux de BNP…) ? Qui doit réagir en 1re ligne (infirmière, médecin généraliste, spécialiste..) ?

« Ce qui est certain, dans une pathologie comme l’insuffisance cardiaque, c’est qu’il faut agir vite, il faut que les circuits de prise en charge soient courts, qu’il y ait de la réactivité, ce qui suppose naturellement une délégation de compétences avec tous les problèmes d’ordre médico-légal que cela soulève. Par exemple, un patient en train de se décompenser sur le mode œdémateux, l’idéal serait que, sous le contrôle du médecin généralise, une infirmière puisse faire une injection de diurétiques, ou un pharmacien d’augmenter la posologie de ces diurétiques et de donner des conseils hyginéo-diététiques de restriction hydrique par exemple quitte ensuite à ce que le médecin généraliste diligente des examens complémentaires et prenne avec le spécialiste ou le médecin hospitalier les décisions utiles pour rééquilibrer la cardiopathie. Nous devons évoluer vers un système organisé en réseau, avec plusieurs intervenants coordonnés : A chaque échelon, les conduites à tenir doivent être parfaitement explicitées. Pour le patient, l’éducation thérapeutique est bien sûr primordiale, ce qui n’est pas toujours facile, dans une population plutôt âgée. », note le Pr Clémenty.

« Chez les patients les plus sévères, le télésuivi est paradoxalement plus facile à mettre en place, par exemple en recourant à des capteurs implantables télécommuniquants. Mais chez ces patients, tout reste à évaluer, à mettre en place de façon structurée et protocolisée, même si des expériences limitées dans le temps, comme celle menée au CHU de Caen (Dr Annette Belin), se s’ont révélées positives », conclut ce spécialiste. Ce qui est certain, c’est que des actions consistant à surveiller uniquement un paramètre clinique (poids ou tension artérielle ou …) sont certainement insuffisantes pour dépister précocement les décompensations et prévenir les hospitalisations.

D’après un entretien avec le Pr Jacques Clémenty, Unité de stimulation cardiaque et défibrillation cardiaque, CHU, Bordeaux.

Dr ISABELLE HOPPENOT

Source : Le Quotidien du Médecin: 9186