Si le rôle cardioprotecteur des hormones féminines est bien connu, certains arguments plaident également en faveur d’une relation entre testostérone et facteurs de risque cardiovasculaire en population masculine. L’influence des androgènes gonadiques sur la répartition du tissu adipeux pourrait être impliquée avec, chez l’homme, le constat d’une répartition abdominale de la graisse en cas de déficit en testostérone, entraînant une résistance à l’insuline. Or, le taux de testostérone diminue avec l’âge de l’ordre de 1 % par année dès l’âge de 40 ans.
Un signe manifeste plus qu’un marqueur clinique
Dès lors, « le signe le plus manifeste d’un surcroît de risque d’événements cardiovasculaires pourrait être une alopécie précoce », avance le Pr Patrick Henry, cardiologue (hôpital Lariboisière, Paris). Plusieurs études ont souligné le lien entre les deux, dont une méta-analyse parue en 2013, où les hommes qui avaient une alopécie – au niveau de la tonsure uniquement – présentaient un risque accru de 32 % de maladie coronarienne. Dans une seconde étude, en 2017, la calvitie et les cheveux gris précoces sont associés à un risque cinq fois plus important de maladie des coronaires chez les hommes de moins de 40 ans. Cependant, le risque de calvitie est avant tout lié à des facteurs génétiques, avec au moins 250 loci génétiques impliqués dans la chute des cheveux, et l’alopécie ne peut être considérée comme un marqueur clinique de risque cardio-vasculaire.
Il reste donc plus important de scruter le tour de taille des patients plutôt que leur chevelure, les facteurs de risque classiques (diabète, antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire, tabagisme, sédentarité, hypercholestérolémie, hypertension artérielle) restant majeurs dans la survenue d’évènements cardiovasculaires.
À ce propos, quelles que soient les études, la prévalence de l’hypertension artérielle chez les hommes est systématiquement plus élevée (par exemple, 47 % versus 35 % dans l’étude Mona Lisa de 2011). Du côté du surpoids, la différence est faible, même si en France, l’IMC est supérieure chez l’homme (25,5 kg/m2 versus 24,5 kg/m2 chez la femme).
Les conduites addictives, et notamment de tabagisme, sont également plus fréquentes. En 2019, 34,6 % des hommes déclaraient fumer versus 26,5 % des femmes.
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