Endocardite du cœur gauche

Un relais par antibiothérapie orale

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Publié le 24/09/2018
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Crédit photo : Phanie

Selon les recommandations actuelles, le traitement de l'endocardite du cœur gauche se fonde sur une antibiothérapie intraveineuse, administrée en milieu hospitalier pour une durée pouvant atteindre six semaines. Et alors que l'hospitalisation est largement justifiée par le risque élevé de complications à la phase initiale de la maladie, elle est, après la stabilisation, surtout motivée par l'administration intraveineuse (IV) de l'antibiothérapie, pas toujours facile à mettre en place en ville. Au-delà de ses coûts et de ses conséquences pour les patients, l'hospitalisation prolongée est per se une source de complications.

C'est dans ce contexte qu'a été mise en place l'étude POET, essai randomisé de non-infériorité, qui a comparé, une fois la maladie stabilisée, le traitement IV classique et un traitement donné par voie orale, qui pouvait être administré à l'hôpital ou à domicile. Le traitement IV était celui préconisé dans les recommandations, le traitement oral, avec deux antibiotiques, était ajusté aux concentrations plasmatiques. Cet essai danois a inclus 400 patients souffrant d'une endocardite du cœur gauche à streptocoque, enterococcus fæcalis, staphylocoque doré ou staphylocoque coagulase négative, qui répondaient à des critères stricts, incluant notamment une antibiothérapie par voie parentérale d'au moins dix jours.

Durée d'hospitalisation réduite à 3 jours

Le critère principal de l'étude associait la mortalité de toutes causes, les chirurgies cardiaques non programmées, les événements emboliques et les récidives de bactériémie au même agent pathogène à six mois. Sur cette base d'évaluation, l'antibiothérapie par voie orale a fait la preuve de sa non-infériorité par rapport à la voie IV.

La durée d'hospitalisation a été réduite : séjour d'une durée moyenne de trois jours après la randomisation pour les patients ayant basculé sur un traitement oral, et de 19 jours en cas de poursuite du traitement IV (p < 0,001).

Pour les auteurs de ce travail, la moitié des patients environ pourraient bénéficier d'un relais par voie orale.

D'après la présentation du Pr Henning Bundgaard (Copenhague, Danemark), au nom des investigateurs de l'étude POET. 
Partial Oral versus Intravenous Antibiotic Treatment of Endocarditishttps://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1808312

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9688