Face à l'épidémie de surpoids et d'obésité, avec leur cortège de complications métaboliques et cardiovasculaires, les praticiens restent relativement démunis. Plusieurs molécules développées pour faciliter la perte de poids ont malheureusement induit des complications cardiovasculaires, et la Food and drug adminsitration (FDA) exige désormais que tous les agents en développement fassent la preuve de leur innocuité cardiovasculaire. C'était l'objectif de l'étude CAMELLIA-TIMI 61, qui a évalué versus placebo l'efficacité et la sécurité d'emploi de la lorcasérine, un agoniste spécifique des récepteurs sérotoninergiques 5HT2C. Cette molécule a été approuvée il y a plusieurs années aux États-Unis sur la base de 3 études cliniques ayant démontré son efficacité sur la perte de poids.
Une perte de poids significative
Cet essai a inclus 12 000 patients ayant un indice de masse corporelle ≥ 27 kg/m2, avec une maladie cardiovasculaire documentée ou un diabète de type 2 associé à d'autres facteurs de risque cardiovasculaire. Ces patients, 64 % d'hommes, âgés en moyenne de 64 ans et ayant un IMC moyen de 35 kg/m2, ont été randomisés en double aveugle pour recevoir de la lorcasérine (10 mg/jour) ou un placebo. Puis ils ont été suivis pendant 3,3 ans en moyenne, avec une évaluation sur deux critères : la sécurité cardiovasculaire (non-infériorité sur les événements cardiovasculaires majeurs, décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) et l'efficacité sur la réduction du risque cardiovasculaire, comprenant en sus des événements majeurs précités les hospitalisations pour insuffisance cardiaque ou angor instable et les revascularisations coronaires.
Après 12 mois de traitement, la perte de poids était significativement supérieure dans le groupe lorcasérine : perte de 4,2 kg vs 1,4 kg (p < 0,001).
Au terme du suivi, il n'y avait pas de différence sur le critère sécurité cardiovasculaire (taux d'événements majeurs de 2 % par an avec la lorcasérine vs 2,1 % par an sous placebo (OR 0,99 ; 95 % IC, 0,85-1,14 ; p < 0,001 pour la non-infériorité), ni sur l'efficacité cardiovasculaire (13,3 % d'événements avec la lorcasérine, vs 12,8 % avec le placebo, p = 0,55).
Pour les auteurs de ce travail, la lorcasérine permet ainsi, chez des patients à risque, une perte de poids significative sans accroître le risque d'événements cardiovasculaires.
D'après la présentation du Pr Erin Bohula (Boston, États-Unis), au nom des investigateurs de l'essai
Cardiovascular Safety of Lorcaserin in Overweight or Obese Patients
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa1808721
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