Manque de lits pour accueillir les patients, certains malades entassés sur des brancards, des services d'urgence qui ferment quelques plusieurs jours, à tour de rôle… pour réouvrir lorsqu'ils ont suffisamment de personnel. Et des urgentistes qui n'arrivent plus à répondre à ces situations récurrentes et qui décident de démissionner. La porte-parole du syndicat Samu-Urgences de France, cheffe d’un service d’urgence francilien tire (à nouveau) la sonnette d'alarme face à une réalité quotidienne qui ne cesse de se dégrader.
LE QUOTIDIEN : Votre syndicat alertait ce matin sur France Info quant à l’état des services d’urgence sur le territoire. La situation est-elle si catastrophique que cela ?
DR AGNÈS RICARD-HIBON : Nous sommes très inquiets. Nous voyons les démissions se succéder. Je n’arrête pas de le répéter, l’urgence, aujourd’hui, c’est de garder nos professionnels de santé dans les hôpitaux. Or, le découragement gagne. Les urgentistes ne se plaignent plus, ils démissionnent, parce que les conditions d’exercice des soignants ne correspondent plus aux valeurs profondes de notre métier, que sont la qualité et la sécurité des soins. Quand des services d’urgence ferment la nuit faute de personnel, quand on se retrouve à garder des patients sur des brancards dans des couloirs, alors qu’on sait qu’il y a une mortalité aggravée de 46 % du fait de passer une nuit sur un brancard… Nous ne voulons plus cautionner ça.
Comment est-on arrivé à un engorgement d’une telle ampleur ?
La problématique de la sursaturation des urgences, concerne l’amont de la prise en charge, et nous essayons de l’améliorer avec le service d’accès aux soins, qui est une bonne mesure. Mais cela concerne aussi l’aval, avec le manque de lits. Or cet été, les fermetures de lits se succèdent alors que les besoins des patients sont toujours là. Nous n’avons jamais eu autant de restrictions d’accès dans les services d’urgence. La situation est encore plus grave que celle de l’année dernière. La population en pâtit.
Que préconisez-vous ?
Les solutions sont sur la table depuis de nombreuses années, en particulier, elles étaient dans le Pacte de refondation des urgences de 2019 sur lequel nous avions travaillé avec Agnès Buzyn. Toutes les mesures avaient été à l’époque mises sur la table et financées. Mais elles n’ont jamais été appliquées. Ce qui explique aussi le découragement des urgentistes. Il n’y a plus de perspectives positives.
C’est le message que vous adressez au nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau ?
Le ministre François Braun avait engagé beaucoup d’actions, ce n’était pas un ministre que nous avions besoin de convaincre, il partageait les mêmes valeurs que nous. Cela dit, Aurélien Rousseau connaît bien le monde de la santé. Il a été à l’initiative de la stratégie « zéro brancard en Île-de-France ». Nous espérons que les actions commencées avec François Braun seront prolongées.
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