Le monde de la santé « va très mal » mais « la période est intéressante ». Invité du café Nile à débattre des réformes en cours, le président de la CSMF a affiché sa volonté de prendre toute sa part à la transformation programmée du système de santé, sous réserve qu'on écoute et qu'on laisse « enfin » la main aux professionnels. « Les acteurs souffrent, l'hôpital va mal, la médecine libérale va mal depuis des années et surtout les Français ne sont pas contents, cela ne peut plus durer », a diagnostiqué le leader de la Confédération qui s'inscrit dans une dynamique « constructive ».
Dans cette période charnière où la médecine libérale est bousculée (fin de l'exercice en solo décrétée par Emmanuel Macron, réforme des modes de financement préconisée par le rapport Aubert), le néphrologue de Cabestany (Pyrénées-Orientales), prompt à dénoncer l'influence délétère des « technos » et des « énarques », réclame des gages de concertation.
À cet égard, le choix des ordonnances pour réformer plusieurs pans entiers du système de santé (hôpitaux de proximité, recertification, statut des praticiens, etc.) « nous inquiète beaucoup ». « Si on veut réformer sans les médecins libéraux, ce sera l'échec assuré. Souvenez-vous de Marisol Touraine… », a-t-il résumé.
Ceux qui régentent
Pour l'instant, le Dr Ortiz veut croire à la « qualité d'écoute » d'Agnès Buzyn mais il se méfie beaucoup de ses bras armés, les agences régionales de santé (ARS), pour opérer la réforme territoriale des soins de premiers recours. « Un bon DG d'ARS, c'est un jardinier qui arrose, met de l'engrais et fait germer les différents projets sur le terrain, a-t-il suggéré. On n'a surtout pas besoin de construire des jardins à la française, ni de mettre du Roundup ! »
Or, à l'écouter, si certains directeurs d'ARS ont compris ce message de confiance aux libéraux, « d'autres veulent tout régenter ». Attention à ne pas décourager la profession par une boulimie normative : par exemple, le patron de la CSMF assume le principe d'une « mission territoriale populationnelle collective » de la médecine libérale, y compris pour la gestion des soins non programmés, mais récuse les « cahiers des charges de 50 pages pour encadrer les CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé] ». « La tentation bureaucratique, elle est toujours là », met-il en garde.
Faut-il aller plus loin dans la contractualisation locale entre la profession et les tutelles pour répondre aux besoins du terrain ? Totalement hostile à la mise en place de conventions médicales « régionales », le président de la CSMF se dit ouvert à des contrats collectifs territoriaux avec les ARS, via le fonds d'intervention régional (FIR), permettant par exemple de prendre en coût de la pratique (comme l'immobilier à Paris).
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