Notre président est intervenu il y a quelques jours de cela pour relayer les propos de sa ministre de la Santé en ce qui concerne le comportement des vacataires au sein des hôpitaux. Ces « médecins », le plus souvent des urgentistes ou des anesthésistes, se permettent de réclamer des sommes conséquentes aux services demandeurs (le plus souvent les urgences). Obligés d’obtempérer, les directeurs des centres hospitaliers (le plus souvent il s’agit de petites structures) mettent à mal le fragile équilibre budgétaire de leurs établissements.
Conscient de ce mal récurent dans nos hôpitaux, M. Macron ne veut plus faire de cadeaux à ces mercenaires sans foi ni loi. De tels propos très humanistes sont tout à fait honorables de la part de notre plus haut dignitaire de l’État, mais ils méritent quelques explications.
Le statut de ces confrères reste très précaire. Les contrats signés avec les administrations hospitalières sont très rapidement révocables ; élément qui peut être quelque peu stressant pour ces collègues. N’oublions pas que le personnel engagé en tant qu’intérimaire au sein d’une entreprise est le plus souvent mieux payé du fait de conditions de travail précaire.
Souvent ces médecins vacataires sont très mal vus au sein même des services dans lesquels ils doivent travailler. Cela peut générer du stress, et peut être source de dépression pour ces collègues.
Pourquoi dans ce cas ne pas se passer de cette main d’œuvre ruineuse pour les pouvoirs publics ? Tout simplement car les politiques (du même sérail que notre Président) ont volontairement réduit le nombre de médecins actifs dans notre système de santé. De ce fait, le manque cruel de praticiens au sein de services fondamentaux des hôpitaux nécessite un recrutement extérieur. Or, pour éviter la fermeture de ces unités (certains hôpitaux ont fait le choix de ne plus travailler avec le service des urgences la nuit), les administratifs sont obligés de recruter des vacataires.
Dire que les vacataires sont uniquement attirés par l’argent n’est pas tout à fait juste. Nombreux sont ceux qui souhaitent une préservation de notre système de santé mis à mal par nos dirigeants, et leurs exigences salariales sont souvent tout à fait justes et pas nécessairement démesurées. C’est ainsi que des urgentistes ou anesthésistes choisissent, en plus de leur travail à plein temps dans des structures privées, d’intervenir de manière épisodique dans les hôpitaux publics sans demander des sommes exorbitantes.
Pourquoi les établissements de santé publics peinent à recruter ? Cela vient essentiellement du fait que les conditions de travail ne sont souvent pas très satisfaisantes, mais aussi du fait que les praticiens ne peuvent œuvrer de manière correcte du fait d’un manque cruel de matériel ou de moyens pour la prise en charge des patients.
Tout cela pour dire qu’il est facile de discréditer auprès de la population une profession qui n’est pas nécessairement aussi intéressée par l’appât du gain. À ce titre, notre Président devrait plutôt supprimer de nombreuses commissions qui permettent de recycler des anciens politiques ; commissions très onéreuses pour les pouvoirs publics, et parfois inutiles.
Il ne faut pas oublier que cette problématique va s’amplifier dans les 10 ans qui vont venir. Trouver un bouc émissaire pour éviter d’assumer les fautes des dirigeants antérieurs est trop simple et parfaitement injuste.
« L’excès de langage est un procédé coutumier à celui qui veut faire diversion » F. Mitterrand.
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