L'amendement visant à autoriser les pharmaciens à délivrer des médicaments à prescription médicale obligatoire n'est pas du tout au goût du syndicat de médecins généralistes MG France. Le syndicat dénonce dans une lettre ouverte aux parlementaires une perte de chance pour le patient et une atteinte à la sécurité des soins.
Le Dr Thomas Mesnier, député (LREM) et urgentiste, suggère que les pharmaciens soient aptes à délivrer des molécules pour des « pathologies du quotidien assez simple » comme l'angine, la conjonctivite et la cystite.
Si MG France rejoint l'élu sur la nécessaire réponse à apporter à la problématique de l'accès aux soins, il affirme qu'autoriser les pharmaciens à prescrire pour des « petites maladies », terme employé par le Dr Mesnier sur les réseaux sociaux, est un non-sens. « Qui peut définir une "petite maladie" en dehors du médecin généraliste après interrogatoire et examen du patient ? », s'agace-t-il. « Qui peut évaluer s'il faut traiter et comment, avant l'indispensable étape du diagnostic ? », ajoute le syndicat.
Permettre aux pharmaciens, dans le cadre d'un exercice coordonné avec les médecins et sous protocole, de délivrer des traitements pour les petites maladies du quotidien, voilà l'objet d'un amendement que je défendrai dans le cadre de la loi #MaSanté2022. https://t.co/hWinH8rlmL
— Thomas MESNIER (@MESNIERThomas) 1 mars 2019
Prêt à quitter la table des négociations
Deuxième argument : le timing de ce texte paraît inapproprié aux yeux de MG France. « Les négociations en cours entre la CNAM et les professionnels de santé ont pour but de coordonner les soins ambulatoires », explique-t-il. Les syndicats représentatifs des médecins libéraux travaillent sur les assistants médicaux et les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et doivent aboutir à un accord courant avril. Toutefois, dans l'état actuel, MG France se dit prêt à quitter la table des négociations si l'amendement est voté dans la loi de santé, discutée à partir du 12 mars en commission des Affaires sociales à l'Assemblée nationale. « Si cet amendement qui désorganiserait un peu plus le système de soins est maintenu, nous quitterons la table des négociations », attaque le Dr Jacques Battistoni, président de la structure.
Ce n'est pas la première fois que l'amendement du Dr Mesnier est attaqué. Pas plus tard qu'hier, une joute verbale a éclaté entre le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF) et le parlementaire sur les ondes de RTL. Le patron de la FMF s'est érigé contre cette initiative, estimant que la priorité était de rendre les territoires plus attractifs pour les médecins.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne