Après avoir soufflé ses 25 bougies, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a réuni ses quatrièmes assises, samedi dernier à Paris, l’occasion d'examiner les évolutions historiques du métier mais aussi les défis à relever pour la pratique libérale de demain. « On va balayer l’histoire et essayer de faire un bond vers l’avenir », a résumé le Dr Émilie Frelat, présidente du SNJMG, aux côtés de représentants de MG France, des Généralistes-CSMF (ex-UNOF), du SML et de l'Ordre national.
Un simple retour en arrière de 25 ans illustre la métamorphose de la profession. « Quand je me suis installé en 1988, il y avait une concurrence effrénée entre les médecins », se remémore le Dr Philippe Vermesch, président du SML. « Les généralistes étaient majoritairement des hommes exerçant en cabinet individuel entre 60 et 80 heures par semaine et qui assuraient une permanence des soins de façon relativement isolée toute l’année », évoque-t-il.
L'eau a coulé sous les ponts. La féminisation de la médecine générale ne se dément pas (deux tiers des nouveaux praticiens installés sont des femmes), la PDS s’est réorganisée sur le mode du volontariat, la jeune génération boude l'exercice libéral isolé et les généralistes de ville – y compris à Paris – voient leur démographie décroître de manière inquiétante.
Hier, un sacerdoce
« Aujourd’hui, la médecine générale libérale n’est plus attractive », juge sans fard le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF. La preuve ? « Nos confrères n’hésitent plus à changer d’activité, tandis que 25 % des diplômés n’exercent pas la médecine, quittant même le monde médical pour s’y retrouver, abonde le président du SML. Les jeunes médecins aspirent à une qualité de vie que l’on n’imaginait même pas il y a 30 ans… ».
La nouvelle génération assume son refus d'un exercice en forme de sacerdoce. « Il n’est pas question de sacrifier une partie de sa vie pour son métier, ni une partie de son métier pour sa vie », explique le Dr Émilie Frelat (SNJMG). « Les jeunes médecins ne veulent pas faire un métier et se retrouver bloqués toute leur carrière, d’où l’importance de la FMC et de la recertification », ajoute-t-elle. Cette aspiration à la qualité de vie commande « du temps disponible pour pouvoir sortir de son cabinet, permettre cette formation et l’apporter au patient », précise la présidente du SNJMG.
Temps médical
Autre leçon : les généralistes ne pourront pas passer à côté de la révolution digitale de la santé connectée, de la médecine prédictive ou même de l'intelligence artificielle, insiste le Dr Fabien Ruaud, au nom de MG France.
Aux yeux du Dr Bruno Boyer, président de la commission jeunes médecins à l’Ordre national, la première urgence est d’accroître l’attractivité de l'exercice libéral en redonnant du temps médical aux praticiens tout en leur assurant une meilleure protection sociale. « Former un médecin pendant dix ans pour mettre des croix dans des formulaires CERFA, c’est un mauvais investissement pour la collectivité », résume-t-il.
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