LE QUOTIDIEN – Vous appelez aujourd’hui à une nouvelle journée d’action et de fermeture des cabinets. Pourquoi ? Votre objectif d’une prise de conscience sur la crise de la médecine générale n’est-il pas atteint ?
Dr CLAUDE LEICHER – On a médiatisé de façon extraordinaire le malaise de la profession comme en témoignent les nombreux articles dans la presse générale, l’écho dans la presse locale et les télés régionales, les journaux gratuits, bref on a parlé de nous au-delà de la presse médicale habituelle. Les élus locaux et la population ont commencé à se faire l’écho de difficultés à trouver un médecin généraliste non seulement dans les zones rurales mais aussi dans les petites villes et les banlieues. Alors pourquoi cette journée d’action ? Autant le président de syndicat que je suis peut dire que le malaise est perçu au plus haut sommet de l’État autant le médecin généraliste que je suis dans son cabinet n’a rien vu arriver de concret. On a entendu les déclarations de Nicolas Sarkozy, on a reçu une lettre de Roselyne Bachelot, on a une mission sur la médecine de proximité… Les décideurs ont compris que le problème était profond. Pour autant, on en reste au stade des déclarations. Et la crise peut balayer certaines promesses…
Lors de la première journée d’action, le 11 mars, un cabinet généraliste sur cinq avait fermé. Depuis, on a le sentiment que votre mouvement s’essouffle en région…
Les annonces présidentielles ont, quelque part, fait comprendre aux généralistes qu’il y avait une prise de conscience politique de leur malaise, et donc ont démotivé un certain nombre de nos confrères dans leur volonté de fermer leur cabinet. Mais les échos des régions montrent inversement que certains secteurs se mobilisent très fortement : ici 75 % des cabinets vont fermer, là des médecins qui n’avaient pas bougé ont décidé de dire stop… On fera les comptes.
La stratégie est-elle d’entretenir la flamme jusqu’aux élections ? Envisagez-vous des actions plus radicales comme les infirmiers anesthésistes qui ont bloqué les trains à Paris ?
Je pense que les mouvements qui réussissent sur le terrain ne sont pas décrétés par les responsables syndicaux. Notre stratégie consiste à accompagner ce qui se passe sur le terrain. Si les médecins nous disent, après avoir fermé deux ou trois fois leur cabinet, de passer à autre chose, on le fera. On a sans doute besoin maintenant de construire un schéma d’avenir pour la profession. MG-France est prêt à mettre sur la table des propositions qui détonnent. Nous nous réunissons demain samedi en comité directeur à cet effet. Ainsi la nouvelle étape sera davantage dans les propositions que dans la contestation. Il est légitime qu’un syndicat proteste contre une situation inadmissible mais tout aussi légitime d’avancer des propositions. Nous allons le faire. Notre plate-forme, ce sont des nouveaux modes de rémunération et d’organisation et surtout la possibilité pour chaque médecin de créer son exercice dans des conditions satisfaisantes, au sein d’un système libéral qui lui donne toute sa place.
Quel bilan tirez-vous du mouvement sur le CS ? Avec le rejet des cotations CS par les caisses, ce mot d’ordre n’est-il pas plus très difficile à suivre pour les médecins ?
Ce mot d’ordre CS n’est pas un mot d’ordre de facilité mais de principe et de respect de la spécialité de médecine générale. Nous savons très bien que ce mot d’ordre est difficile à suivre. Pour l’avoir fait pendant deux ans, je mesure l’effort demandé aux médecins. Je n’ai pas lancé un mouvement dont je n’ai pas moi-même éprouvé la difficulté. Faut-il continuer sur ce point ? Oui. Quand un médecin fait du CS, il manifeste sa volonté de faire respecter sa profession. Ce n’est pas « hors-la-loi » puisque le président a annoncé que cet accès serait légalisé.
La CSMF, elle, joue la carte du C à 23 euros. Une fusion des consignes est-elle envisageable ?
Nous avons soutenu et nous continuerons à soutenir tous les médecins qui cotent en C à 23 euros. Je respecte le mot d’ordre de la CSMF mais dans cette affaire je crois qu’elle s’est trompée de bataille. Elle défend un C à 23 euros pour les généralistes et un C2 à 46 euros pour les autres spécialités. Ce n’est pas de nature à réconcilier l’exercice libéral.
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