Réquisitions aveugles, organisation défaillante

En Isère, la PDS fait des vagues

Publié le 20/01/2011
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Crédit photo : S TOUBON

« IL EST TEMPS de remettre à plat le problème de permanence des soins sur le département de l’Isère : il faut revoir le découpage des secteurs de PDS avec les médecins de terrain ». C’est en ces termes que les Dr Christian Devolfe (LE BLOC), président de l’URPS Rhône-Alpes, et Nicole Bez (MG-France), vice-présidente de cette union, viennent d’alerter le Préfet et le président du conseil de l’Ordre des médecins de l’Isère, ainsi que le directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) de Rhône-Alpes, dans un courrier du 13 janvier.

Deux événements ont mis le feu aux poudres : le Dr Anne Pujade, généraliste à La Tour du Pin, a été enjointe, par arrêté préfectoral, de prendre la garde le 26 décembre, en raison d’un tableau incomplet. Et ce « alors que le département était en vigilance orange », souligne ce médecin qui précise « qu’une heure est nécessaire » pour parcourir d’un bout à l’autre le secteur en question.

Puis le 7 janvier, c’est le Dr Florence Pasquier, installée à Saint-Etienne-de-Crossey, enceinte de 5 mois, qui recevait...la gendarmerie à son cabinet pour lui signifier une réquisition de week-end. Sous sa casquette de chargée de mission « femme Médecins » à MG-France, le Dr Nicole Bez s’est fendue d’un courrier spécifique au Préfet de l’Isère, lui demandant de « cesser ces pratiques de réquisitions à l’aveugle » et d’étudier un système de PDS « qui permette de protéger la santé des médecins qui ont, tout autant que les usagers, le droit à une qualité de vie décente ». Sur ce cas particulier, le Dr Olivier Roux, président de l’Ordre des médecins de l’Isère, reconnaît « une erreur ». En Isère, seul département de Rhône-Alpes à ne disposer d’aucune maison médicale de garde (MMG), « nous avons la FIPSEL [Fédération Iséroise pour la Permanence des Soins d’Exercice Libéral], organe effecteur qui rassemble les syndicats médicaux, l’Ordre et des représentants de tous les secteurs pour organiser les gardes et tenter de boucher les trous, là où le tableau reste vide », explique le Dr Roux.

Conflits et coups sur la tête.

Depuis la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires), l’Ordre des médecins est tenu de communiquer les tableaux de garde à la délégation territoriale de l’ARS. Si ces derniers s’avèrent incomplets, l’Ordre doit également joindre l’URPS afin de recueillir son avis. Dans son courrier du 13 janvier, l’URPS propose ainsi de jouer un rôle de « médiateur » entre les médecins et les pouvoirs publics.

Le conflit qui les oppose remonte, entre autres, à une décision jugée « arbitraire » : le regroupement de secteurs de garde alors que l’implantation d’une MMG permettrait aujourd’hui de résoudre le problème posé. « Sauf, qu’on nous demande de monter ce type de structure avec des fonds privés, alors qu’il s’agit d’assurer un service public ! » dénonce le Dr Pascal Bonnet, généraliste à Cessieu. À cela s’ajoute un sentiment de mépris éprouvé par certains généralistes, réquisitionnés en campagne. D’autres médecins se sont sentis évincés de la garde en ville puisqu’un accord spécifique a été passé avec SOS Médecins à Grenoble et Bourgoin-Jallieu. Enfin, les généralistes ne seraient plus les bienvenus au Centre 15…

« À chaque fois c’est un coup de plus sur la tête » analyse le Dr Jacques Eymin, généraliste à Grenoble, qui croit déceler un comportement « anti-MG France primaire » là où le Président de l’Ordre de l’Isère ne voit que des « querelles de clocher ». Le Dr Roux affirme avoir multiplié les réunions pour rencontrer tous les confrères, sans succès. Et de conclure, optimiste : « si les médecins concernés arrivent à se mettre d’accord, la FIPSEL, l’Ordre et très certainement la délégation de l’ARS seront les premiers à porter ce projet de maison médicale de garde ».

CAROLINE FAESCH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8889