LES MÉDECINS exerçant en secteur II dans la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur se montrent très opposés au passage en secteur optionnel. Certains affichent franchement leur hostilité comme le Dr Denis Lieutaud, chirurgien (orthopédie et traumatologie), secteur II, à la clinique du Palais à Grasse, et délégué régional de l’UCDF. « Je suis franchement opposé à cette réforme. C’est une mascarade de procédure qui cache le problème essentiel : les actes chirurgicaux n’ont pas été revalorisés depuis vingt ans. Nous opérons aujourd’hui pour un tarif de misère. » C’est aussi l’opinion d’un gynécologue obstétricien de la clinique Bouchard à Marseille qui résume un avis général : « Est-ce que c’est une bonne réforme d’après moi ? Non. Soyons clairs, aucun de nous ne va l’accepter, ce sera peut-être plus facile pour les nouveaux médecins qui sortent de la fac, mais c’est difficile pour les médecins de réduire leurs chiffres d’affaire. Les secteurs I espèrent pouvoir aller en secteur optionnel mais ce n’est peut-être qu’une illusion. »
Le Dr Laurent Moisans, anesthésiste à Avignon (polyclinique Urbain V) en secteur I, comme la plupart des anesthésistes en PACA, s’interroge à cet égard. Il paraît très amer. « Nous sommes sept dans cette clinique et nous n’avons jamais pu accéder au secteur II. Pour nos dépassements, nous avons même été condamnés par le TAS à 2 000 et 1 000 euros d’amende auparavant, ce qui nous reste sur la patate. Malgré tous nos combats, nous n’avons rien obtenu et je ne crois pas que ce secteur optionnel soit pour nous-même dans des plateaux techniques lourds. C’est d’une malhonnêteté effroyable. Les médecins du secteur II n’ont aucune intention de repasser en secteur optionnel et franchement, ils seraient idiots de le faire. »
Le Dr Jean-Pierre Franceschi, chirurgien orthopédique et traumatologie, exerce à Marseille sous trois modalités différentes, en public à l’Hôpital de la Conception, dans une fondation à but non lucratif, l’Hôpital Saint-Joseph, et en secteur II à la clinique Juge. Sa vision est de ce fait plus nuancée. « Dans le secteur II où j’exerce, j’apporte, au-delà de l’acte médical qui reste le même, une meilleure qualité de prise en charge et d’information globale car j’ai davantage de moyens à ma disposition. Mais c’est un problème de fond. Sous couvert d’une démarche d’économie de santé, cela reste un système de santé privé avec cette fois les assurances privées et complémentaires qui ont utilisé leur lobby puissant. Les médecins en général m’ont dit que la décision d’adhérer au secteur optionnel dépendait du territoire où ils exercent et du revenu moyen de ses habitants, ils entendent répondre à leur mission du service public dans les établissements concernés. »
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne