À QUATRE MOIS des élections professionnelles, programmées le 29 septembre, le Syndicat des médecins libéraux (SML) accélère. Tout en multipliant les rencontres thématiques en région, le syndicat se dote d’une plate-forme détaillée de propositions avec un fil rouge : la sauvegarde de la médecine libérale selon lui « menacée ». Ce projet estampillé SML, qui sera adressé à tous les médecins, récuse aussi bien « le corporatisme que les idéologies » et ambitionne de défendre haut les couleurs de l’exercice libéral face au « rouleau compresseur » de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et des agences régionales de santé (ARS). Les médecins sont invités à se mobiliser massivement aux élections aux URPS. « Il faudra dans chaque région des syndicats forts et des interlocuteurs déterminés qui refusent le fatalisme ambiant », insiste le Dr Christian Jeambrun, président du SML. « Il faudra résister partout ou c’est possible et la contractualisation ne veut pas dire la soumission », ajoute-t-il, défendant « l’honneur et le bonheur » d’être médecin.
Valoriser le temps médical caché.
Face aux tentatives de balkanisation de la profession, le SML suggère d’abord un « socle commun » de propositions pour tous les médecins qui souffrent des mêmes maux (limites du paiement exclusif à l’acte, temps administratif envahissant, pénibilité de l’exercice isolé…).
Principe « non négociable » : le syndicat exige que le premier recours aux soins soit assuré par un médecin et pas par « le pharmacien ou l’infirmière ». Dans ce corpus, le SMLmet en exergue la qualité de vie du praticien (il évoque des «horaires acceptables »...), ce qui suppose de gagner du temps médical, de bénéficier d’un exercice « sécurisé » ou d’obtenir des moyens nouveaux pour s’entourer d’un personnel qualifié. Le SML se pose en défenseur de l’ « entreprise médicale », viable économiquement, ce qui commande des « ressources pérennes ». De cet objectif découlent une série de propositions visant à diversifier la rémunération. S’il faut conserver le paiement à acte « avec une nomenclature adaptée », le syndicat milite pour la création de forfaits de tout poilpermettant d’honorer l’informatisation, la permanence téléphonique, l’accueil, la structure… Plus largement, il est urgent de rémunérer « les temps médicaux cachés » comme la coordination médicale et médico-sociale. Le SML appelle également de ses vux une fiscalité incitative et une amélioration de la protection sociale. Dans sa besace se nichent aussi quelques propositions – déjà connues –- qui décoiffent comme la création d’un acte médical à haute valeur ajoutée payé désormais...100 euros, le TEP (thérapeutique, éducation, prévention). Il s’agirait de consultations lourdes, pour des publics ciblés, comme la première visite de contraception chez la jeune fille, une consultation « diabète » dans une famille à risques, une consultation ostéoporose...
Le projet du SML décline ensuite diverses propositions catégorielles. Les médecins généralistes dont les revenus « sont parmi les plus bas d’Europe occidentale » ont droit à une pléiade de mesures tarifaires – actes techniques associés à la consultation, majoration du forfait ALD, forfaits coordination, augmentation de la visite… Sans surprise, le SML remet à l’honneur les nouveaux métiers qu’il promeut depuis des mois : médecin « volant », retraité « actif », remplaçant doté d’un vrai statut. Le projet réserve une large place aux spécialités cliniques « exclues du premier recours » et même menacées de « disparition ». Le SML estime que leur acte de base « doit être le C2 » et imagine là aussi de nouveaux actes valorisés : consultation d’urgence spécialiste, instauration d’un C3 pour une première demande d’ALD, forfait technique pour les actes sous anesthésie locale… Comme d’autres syndicats, le SML porte le concept de « maisons des spécialistes », structures à plateaux techniques légers, interfaces entre la médecine générale et les établissements. Enfin, le projet n’oublie pas les praticiens de plateaux techniques lourds (pas d’acte PTL en dessous de 200 euros, promotion du secteur optionnel, défense de l’indépendance fragilisée par les contrats d’objectifs et de moyens…) et les médecins à expertises particulières (MEP), domaine où le SML est historiquement très actif. Cette fois, la campagne est lancée.
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