Le congrès du SML à Lyon

Le syndicat avance ses pions pour la prochaine convention

Publié le 01/12/2010
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DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE

« JE SOUHAITE que les syndicats soient à la hauteur des futures négociations [conventionnelles] », a déclaré Frédéric van Roekeghem, directeur de l’assurance-maladie, lors du congrès du Syndicat des médecins libéraux (SML) réuni le week-end dernier à Lyon. « À la hauteur », le président du SML, Christian Jeambrun, réélu dimanche à une forte majorité, fait tout pour l’être. Il l’a démontré au cours de la table ronde organisée samedi sur le thème de « l’évidence libérale du soin » en compagnie du président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Michel Chassang.

Il faut dire que les circonstances plaident en leur faveur. La nomination de Xavier Bertrand au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé est un signal fort de la part de l’Élysée en direction des médecins. Et la secrétaire d’État spécifiquement chargée de la Santé, Nora Berra, présente en tout début de matinée à Lyon, s’est déclarée à l’écoute des professionnels libéraux. De plus, les récentes élections aux unions régioanles des professionnels de santé (URPS) ont assuré à l’alliance CSMF et SML une forte représentativité. Enfin, le désamour des jeunes diplômés pour l’exercice libéral (8,5 % d’entre eux, seulement, ont vissé leur plaque cette année) et les inégalités dans la couverture des soins plaident en faveur d’une renégociation rapide de la convention du 12 janvier 2005.

Il ne s’agit pas pour autant de s’engager tête baissée dans les négociations. « Nous sommes blessés car la réforme HPST [Hôpital, patients, santé et territoires] a pris une tournure très critiquable, et ce n’est pas parce que Xavier Bertrand et Nora Berra sont aux commandes que nous allons tout accepter », a prévenu Christian Jeambrun. Pas question par exemple de laisser Frédéric van Roekeghem dire que les médecins sont 2,5 fois mieux payés que les salariés (chiffre qui ne prend pas en compte le taux horaire) ou Annie Podeur avancer qu’il manque des maîtres de stage lorsque 20 000 médecins à expertise particulière (MEP) peuvent assumer cette fonction.

Christian Jeambrun et Michel Chassang ont tenu à faire connaître leurs conditions avant d’ouvrir les négociations. Parmi elles, l’arrêt du DPC (développement professionnel continu), « illisible », selon le président du SML – ce qui lui vaut les acclamations de l’assistance –, la réforme des consultations, la reconnaissance et la valorisation des spécialités cliniques, la mise en œuvre du secteur optionnel sans disparition du secteur II, la relecture des dispositions sur les soins ambulatoires de la loi HPST et l’adoption rapide du projet de loi Fourcade (qui révise certaines dispositions d’HPST). En réponse, Annie Podeur s’est dite prête à réétudier le DPC et le directeur de l’UNCAM a confirmé que la question des spécialités était à mettre à l’ordre du jour.

À côté de ces revendications, le CSMF et le SML ont signalé les 100 propositions que le Comité pour l’avenir libéral de la médecine a récemment présentées à Xavier Bertrand, dont la réforme des études de médecine ou les incitations à l’installation en zone sous-dense pour les jeunes diplômés. Pour sa part, le SML a proposé toute la journée des communications sur des thèmes qui lui sont chers, comme le compagnonnage, les retraites actives, la permanence des soins, le statut des MEP et des femmes médecins, les conséquences de l’environnement sur la santé, ou encore les regroupements de libéraux. « Nous ne sommes pas archaïques ou conservateurs, a conclu Michel Chassang. Nous sommes des syndicats novateurs ! »

 COLINE GARRÉ

Source : Le Quotidien du Médecin: 8867